La justice américaine a décidé de poursuivre sept agents russes, désormais sous le coup d'un avis de recherche émis par le FBI, pour avoir piraté des instances sportives internationales ainsi que le groupe américain Westinghouse.
La justice américaine a annoncé jeudi 4 octobre la mise en examen de sept agents présumés du renseignement militaire russe (GRU) dans le cadre d'une campagne mondiale de cyberattaques attribuée au Kremlin et dénoncée par plusieurs pays occidentaux, dont le Canada, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Ces mises en examen comprennent notamment quatre agents russes dont l'expulsion a été annoncée jeudi par les Pays-Bas, qui les accusent d'avoir tenté de pirater le siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, a indiqué John Demers, ministre-adjoint de la Justice pour la sécurité nationale.
Les sept agents sont poursuivis par les États-Unis pour avoir piraté des instances sportives internationales, dont l'Agence mondiale antidopage (AMA), le Comité international olympique (CIO), les Fédérations internationales de football (Fifa) et d'athlétisme (IAAF) ou le Tribunal arbitral du sport (TAS), ainsi que plus d'une trentaine d'instances nationales dont les agences antidopage canadienne et américaine. Ils ont aussi visé le groupe américain Westinghouse, qui fournit notamment du combustible nucléaire aux centrales ukrainiennes.
Ils sont poursuivis pour blanchiment d'argent, fraude bancaire, fraude informatique et usurpation d'identité. Les faits courent de décembre 2014 à mai 2018, selon l'acte d'accusation.
Les opérations "concernaient des accès sophistiqués, continuels et non autorisés aux réseaux informatiques des victimes en vue de voler des informations d'ordre privé ou sensible", a précisé M. Demers.
"Fancy Bear"
Ils auraient ainsi volé les codes d'accès de membres de différentes organisations sportives pour se procurer des documents concernant la lutte antidopage, des dossiers médicaux ou des informations sur les procédures antidopage.
Ces informations sensibles ont été communiquées au célèbre groupe de pirates informatiques "Fancy Bear", considéré comme étant contrôlé par les services de renseignement russes. Les hackers ont ensuite diffusé ces documents à des journalistes dans le cadre d'une campagne de désinformation.
L'AMA avait suspendu en 2015 l'Agence russe antidopage (RUSADA), en réponse à son rôle-moteur dans le système de dopage d'État qui régissait le sport russe entre 2011 et 2015. Certains documents de l'AMA fournis à la presse "ont été modifiés" pour "soutenir les thèses du gouvernement russe", précise l'acte d'accusation.
Ingérence dans la présidentielle de 2016
Trois des sept Russes poursuivis font partie des 12 responsables mis en examen en juillet par le procureur spécial Robert Mueller pour ingérence dans la présidentielle américaine de 2016. Les deux dossiers sont différents mais ils se chevauchent, a souligné John Demers.
L'annonce intervient alors que les Pays-Bas, l'Australie, le Royaume-Uni, l'Otan et l'Union européenne accusent également Moscou de cyberattaques.
Le gouvernement canadien a pour sa part annoncé jeudi que l'AMA, basée à Montréal, avait fait l'objet d'une cyberattaque dont le GRU était "fort probablement responsable".
Avec AFP