Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est arrivé, vendredi, en visite officielle en Allemagne pour tenter une réconciliation après deux années de tensions entre Ankara et Berlin.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été accueilli, vendredi 28 septembre, à Berlin, par son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Il doit ensuite rencontrer la chancelière allemande pour tenter de tourner la page de deux années de tensions.
Après les honneurs militaires et un tête-à-tête avec Angela Merkel, une conférence de presse commune est prévue à la mi-journée.
Du côté de l'opposition, des manifestations de groupes turcs et kurdes sont prévues vendredi après-midi à Berlin et samedi à Cologne, où Recep Tayyip Erdogan doit inaugurer une mosquée. La police a été déployée en très grand nombre pour prévenir tout débordement.
Dans une tribune publiée jeudi en Allemagne, le président turc avait assuré que sa visite devait ouvrir "une nouvelle page" des relations bilatérales alors que, depuis le putsch raté de juillet 2016 qu'il impute au prédicateur Fethullah Gülen, Ankara reproche à Berlin la timidité de son soutien. L'Allemagne critiquant, de son côté, la dérive autoritaire de la Turquie et l'espionnage d'opposants turcs en territoire allemand.
"L'Allemagne est le principal partenaire européen de la Turquie au sein de l’Union européenne mais les contentieux entre Berlin et Ankara sont réels", analyse Anne Maillet, la correspondante de France 24 en Allemagne en citant "la dérive répressive" du président Erdogan mais aussi "la détention de plusieurs Germano-Turcs accusés par Ankara de collusion avec des organisations terroristes". Côté allemand, à gauche comme à droite, les appels à ce qu'Angela Merkel reste ferme se sont multipliés, en particulier à propos des atteintes aux libertés publiques et des concitoyens détenus pour "raisons politiques".
"S'il y a des choses à critiquer dans le système politique, alors ce sera critiqué, je le ferai (...) mais cela ne signifie pas que je ne veux pas d'une Turquie stable", a prévenu Angela Merkel lors d'une discussion publique jeudi soir, évoquant en particulier "l'état des droits de l'Homme" en Turquie. Pour autant, Angela Merkel et d'autres figures politiques n'assisteront pas au dîner d'État organisé en l'honneur du président turc par son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.
Un exercice périlleux pour Angela Merkel
En effet, Berlin n'a guère digéré les attaques incessantes du président Erdogan, notamment ses accusations de "nazisme" lancées l'an dernier contre le gouvernement allemand. "L'Allemagne et la Turquie sont très loin d'avoir une relation normale (...) et le chemin est encore long pour rétablir la confiance", résume la présidence allemande.
Angela Merkel, affaiblie par une année de crises gouvernementales et par les tensions dans sa majorité sur la politique migratoire, devrait donc maintenir une certaine distance. Mais elle ne veut pas braquer pour autant Ankara, alors que l'Allemagne compte une communauté turque de trois millions de personnes. La Turquie est aussi un partenaire incontournable pour empêcher tout nouvel afflux de demandeurs d'asile depuis la Syrie.
Le sujet est important pour Angela Merkel, dont la décision d'accueillir plus d'un million de demandeurs d'asile dont des centaines de milliers de Syriens en 2015-2016, a entraîné une percée historique de l'extrême droite (AfD) aux législatives de septembre 2017, affaiblissant considérablement la chancelière et minant la cohésion de sa majorité.
Le président turc compte lui discuter de cette poussée des partis anti-migrants et anti-islam, certains ayant même pris place dans des gouvernements européens. "L'essor du radicalisme de droite et du racisme institutionnel sont aujourd'hui le plus grand danger pour l'ordre démocratique de l'Union européenne", a prévenu avant sa visite Recep Tayyip Erdogan, dénonçant une "islamophobie" ambiante.
Enfin, il souhaite parler économie. Alors que son pays fait face à une crise importante, il attend des "mesures" de l'Allemagne.
Avec AFP