Une grève des mécaniciens et des problèmes de production contraignent le constructeur américain Boeing à retarder les premières livraisons de son nouvel avion, le "Dreamliner". La nouvelle a entraîné une chute de l'action Boeing en bourse.
AFP - Le constructeur aéronautique américain Boeing a confirmé jeudi que son nouvel avion de ligne B787 "Dreamliner" connaîtrait de nouveaux retards, l'obligeant à décaler de six mois, au 1er trimestre 2010, les premières livraisons de l'appareil à ses clients.
Le premier vol d'essai de l'appareil, sur lequel repose une bonne partie des espoirs commerciaux du groupe américain, devrait intervenir au deuxième trimestre 2009, au lieu du quatrième trimestre 2008.
"Ce nouveau calendrier reflète l'impact des perturbations provoquées par la récente grève des ouvriers mécaniciens" du groupe à l'automne, ainsi que "la nécessité de remplacer certaines fixations dans les premiers appareils en production", a expliqué le groupe dans un communiqué.
L'annonce n'est pas une surprise, Boeing ayant annoncé le mois dernier un report du premier vol du 787, après la dure grève qui a paralysé ses usines en septembre et octobre et la découverte de nouveaux problèmes de production.
Boeing a séparément annoncé un nouveau changement de responsable pour le programme du 787, qui sera désormais dirigé par Scott Fancher, jusqu'ici en charge du programme de défense antimissile du groupe. Il remplace Pat Shanahan, qui supervisera désormais tous les programmes en cours de développement.
Le coût financier de ce nouveau report est en cours d'évaluation, a indiqué le groupe, qui s'est aussi engagé à fournir au plus vite à ses clients un calendrier actualisé des livraisons. Boeing s'expose potentiellement à des demandes d'indemnisations de ses clients.
Boeing prévoyait jusqu'ici la livraison de 25 "Dreamliner" en 2009. L'appareil a été commandé à ce jour à 896 exemplaires par 58 compagnies.
Compagnie de lancement du 787, avec une commande de 50 appareils, le transporteur aérien japonais All Nippon Airways (ANA) n'a pas caché son irritation, demandant à être informé en priorité du nouvel agenda de livraisons, avant même l'officialisation du report.
Ce nouveau décalage, un peu moins grave que ce qui était craint dans les milieux spécialisés, pourrait ne pas être le dernier, selon les analystes de la société de gestion Bernstein. Boeing "a donné plusieurs calendriers qui ont tous été dépassés, et nous ne voyons pas la preuve que le prochain va tenir".
Le Dreamliner a rencontré un énorme succès commercial, en raison des économies de carburant que Boeing promet comme étant les meilleures du marché, face aux appareils de son grand rival, l'européen Airbus (EADS).
"Sur un plan stratégique, des retards prolongés aideraient Airbus à vendre ses A330 et A350, tandis que Boeing prendrait du retard en terme de cycle de développement des nouvelles générations des familles d'appareils 737 et 777", avertissent les analystes de Bernstein.
Le Dreamliner accumule des retards depuis son lancement en raison d'une succession de problèmes industriels, qui tiennent en grande partie aux méthodes de production testées de manière inédite par Boeing. Ce dernier a parié sur un recours massif à la sous-traitance, aux Etats-Unis comme à l'étranger.
Boeing a fait un énorme pari sur le 787 estimant que le marché de demain serait surtout demandeur d'avions de moyenne capacité, à haute performance énergétique, et non de gros porteurs, comme le pense Airbus.
Le Dreamliner peut transporter entre 210 et 330 passagers selon les modèles, sur des distances allant jusqu'à 15.750 kilomètres.
A la Bourse de New York, l'action Boeing prenait 0,55% à 41,90 dollars vers 17H10 GMT.