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La justice écossaise a décidé de libérer Abdelbaset al-Megrahi. Atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale, le Libyen avait été condamné à la prison à vie en 2001 pour l'attentat de Lockerbie qui avaient fait 270 morts en 1988.

Le ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, a annoncé la libération "pour raisons médicales" d’Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, 57 ans, le Lybien condamné pour l’attentat contre l'avion de la Pan Am au dessus de la localité écossaise de Lockerbie, en 1988. L’ex-prisonnier est atteint d’un cancer en phase terminale. Selon ses médecins, il ne lui resterait que trois mois à vivre.

"J’ai pris la décision de libérer pour raison médicales M. Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, condamné en 2001 pour l'attentat de Lockerbie et touché par un cancer de la prostate en phase terminale, et l'ai autorisé à rentrer en Libye pour y mourir", a annoncé Kenny MacAskill lors d’une conférence de presse à Edimbourg, ce jeudi.

Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi était la seule personne condamnée pour l’attentat à la valise piégée contre un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am, qui avait fait 270 morts, dont 189 Américains, le 21 décembre 1988 au-dessus du petit village écossais de Lockerbie. Il avait été condamné à la prison à vie assortie d'une peine de sûreté de 27 ans en 2001.

Le ministre écossais de la Justice a annoncé sa décision au terme d’un long plaidoyer expliquant ses motivations : "C’est un homme mourant, il est maintenant confronté à la justice d’en haut, a-t-il affirmé. Notre système judiciaire prévoit que la justice soit rendue, mais que la clémence soit possible", a-il-ajouté.

M. MacAskill n’a cependant pas remis en cause la culpabilité de M. Al-Megrahi, que certains mettent en doute, estimant qu’elle n’avait pas été prouvée avec certitude lors de son procès en 2001. L’ex-prisonnier a toujours nié toute responsabilité dans l’attentat de Lockerbie.

Regret de Washington

Vêtu de blanc, l’ancien détenu a quitté le centre pénitentiaire de l’ouest de l’Écosse où il purgeait sa peine dans un fourgon blindé escorté par des policiers et sous les cris de manifestants en colère. Un avion libyen l’attendait à l’aéroport de Glasgow et s’est envolé vers la Lybie vers 14h30 GMT.

Al-Megrahi a affirmé être "très soulagé" d'être libre, dans sa première déclaration à la presse.

Peu de temps après l’annonce de la libération de Al-Megrahi, la Maison Blanche a annoncé que les États-Unis "regrettaient profondément" cette décision.

"Les familles des victimes américaines de l’attentat étaient profondément opposées à un jugement de clémence", explique la correspondante à Londres de FRANCE 24, Bénédicte Paviot. "Sept sénateurs américains avaient écrit aux autorités écossaises pour leur demander de ne pas libérer M. Al-Megrahi. Ils sont certainement frustrés."

Pour le juge français Jean-Louis Bruguière, spécialiste de la lutte anti-terroriste, les familles des victimes doivent tenir compte du fait que "la condamnation demeure". "Le procès a eu lieu, la personne responsable a été condamnée. C’est ce qui compte", a-t-il déclaré sur FRANCE 24, ajoutant que "les autorités ont pris une décision humanitaire que la France aurait certainement prise aussi".

La Libye, qui a signé ces dernières années d’importants contrats d’exploration pétrolière et gazière avec des compagnies britanniques, avait averti que Londres pourrait s'exposer à des représailles économiques si M. Al-Megrahi n’était pas libéré. Toutefois, le ministre écossais a tenu à préciser que sa décision n’était aucunement fondée sur des motifs politiques.