
L'opposante rwandaise Victoire Ingabiré a été graciée samedi après avoir été condamnée à quinze ans de prison en 2012. Elle bénéficie, avec plus de 2 000 autres détenus, d'une mesure de clémence du président Paul Kagame.
L'opposante rwandaise Victoire Ingabiré, condamnée à 15 ans de prison en 2012, a été graciée par le président Paul Kagame, a annoncé samedi 15 septembre le ministère de la Justice.
Plus de 2 000 autres détenus ont bénéficié de cette mesure de clémence, parmi lesquels le chanteur Kizito Mihigo, emprisonné en 2015 pour un projet d'assassinat du chef de l'État, a dit le ministère dans un communiqué.
Victoire Ingabiré, 49 ans, avait été condamnée pour conspiration en vue de former un groupe armé anti-gouvernemental. Elle était revenue d'exil aux Pays-Bas deux ans plus tôt pour se présenter comme candidate à l'élection présidentielle de janvier 2010, mais elle avait été empêchée de se présenter, les autorités l'accusant de nier le génocide de 1994.
Réélu pour un troisième mandat le mois dernier, Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis juillet 1994 et le renversement par son mouvement, le Front patriotique rwandais (FPR), du gouvernement hutu ayant déclenché ce génocide qui a fait 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
"Rien de politique"
La communauté internationale crédite l'ancien commandant rebelle tutsi d'avoir remis sur pied le petit pays d'Afrique centrale grâce à une croissance économique rapide. Ses opposants jugent que ce développement économique s'est fait au détriment des libertés civiques, le pouvoir muselant les médias indépendants et supprimant toute dissidence.
Johnston Businge, le ministre de la Justice, a assuré qu'il n'y avait "rien de politique" ni dans l'emprisonnement ni dans la remise en liberté de Victoire Ingabiré, qui avait demandé par deux fois à bénéficier de la clémence présidentielle. "Le président a accordé sa grâce, comme l'autorise la Constitution", a-t-il déclaré à Reuters.
L'avocat d'Ingabiré s'est félicité de la décision des autorités. "Depuis le début de son procès, nous réclamons sa libération. Maintenant qu'elle est sur le point d'être libérée, nous sommes tous heureux", a dit Gatera Gashabana.
Avec Reuters