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"Contraint", Benalla annonce qu'il se rendra devant la commission d'enquête du Sénat

Alexandre Benalla, qui a d'abord annoncé qu'il ne se rendrait pas à la commission d'enquête du Sénat, suscitant la colère des parlementaires, s'est finalement rétracté mardi soir, afin d'"éviter les poursuites judiciaires" .

Alexandre Benalla se rendra bien devant la commission d'enquête du Sénat. Après avoir un temps annoncé le contraire dans les médias, l'ancien chargé de mission d'Emmanuel Macron, mis en examen pour des violences contre un manifestant le 1er mai à Paris, est revenu, "contraint", sur sa décision dans la soirée du mardi 11 septembre. "J'irai. Parce que Monsieur Philippe Bas, je mesure très bien mes propos, ce petit marquis, m'impose aujourd'hui de venir devant lui, sinon il m'envoie la police ou la gendarmerie. Je viendrai devant Monsieur Philippe Bas. Il a aujourd'hui la possibilité d'exister médiatiquement. Monsieur Philippe Bas me convoque. Je vais venir. Et je dirai ce que j'ai à lui dire", a-t-il indiqué à la rédaction de France Inter.

Secret défense

Au terme d'une journée de bras de fer avec le Sénat et un début de polémique avec des membres du gouvernement, l'ancien collaborateur de l'Élysée a cédé après avoir fait savoir qu'il n'entendait pas être auditionné par le Sénat avant la fin de la procédure judiciaire en cours. "Afin d'éviter les poursuites judiciaires dont on me menace, je vais être contraint de me rendre devant cette commission si une convocation officielle m'est adressée", a-t-il déploré.

Un refus de se présenter est punissable de deux ans d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende. "Je suis dans la transparence la plus totale. Je n'ai rien à cacher", a-t-il déclaré, contacté par l'AFP. "Il n'y a rien qui m'ait fait changé d'avis", a-t-il assuré, expliquant que son refus initial était motivé par le principe de "séparation des pouvoirs".

Ainsi, avertit-il dans son communiqué, "je ne pourrai répondre à aucune question concernant les faits dont la justice est saisie (...) je ne pourrai pas non plus répondre aux questions dont la réponse supposerait de violer le secret de la défense ou le secret professionnel auxquels je suis lié".

Interférences

Les sénateurs peuvent en théorie questionner Alexandre Benalla sur le reste de l'affaire, notamment son rôle au sein de la présidence, qui suscite des interrogations. Me Liénard a rappelé que son client ne pouvait pas répondre à des questions relatives au 1er mai, la commission sénatoriale n'ayant pas le droit d'empiéter sur l'enquête judiciaire, au nom de la séparation des pouvoirs.

Une position défendue par le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux, pour qui "c'est le b.a.-ba", et la garde des Sceaux elle-même, qui a assuré mardi qu'"il ne peut pas y avoir d'interférences" entre une commission d'enquête et une information judiciaire. "C'est la raison pour laquelle Alexandre Benalla n'a pas encore répondu à la commission d'enquête du Sénat", a déclaré Nicole Belloubet à Tours, s'attirant une réponse cinglante de Philippe Bas. "J'ignorais que [Mme Belloubet] était le conseil juridique de M. Benalla", a-t-il immédiatement ironisé.

Audition de M. Benalla par la commission des lois : Alexandre Benalla sera tenu de déférer à la convocation qui lui sera adressée pic.twitter.com/2BJUD96Qjn

  Philippe Bas (@BasPhilippe) 11 septembre 2018

Auditions

Ce bras de fer intervient à la veille de la reprise des auditions qui avaient été interrompues en août. Elles débuteront avec le chef de cabinet d'Emmanuel Macron, François-Xavier Lauch, suivi par le général Éric Bio-Farina, commandant militaire de l'Élysée, déjà entendu en juillet par l'éphémère commission d'enquête de l'Assemblée nationale, puis par Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris.

En juillet, les sénateurs avaient notamment interrogé le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et Christophe Castaner, délégué général de La République en marche (LREM).

Filmé en train de frapper un manifestant en marge des défilés du 1er-Mai, Alexandre Benalla a été mis en examen le 22 juillet notamment pour "violences en réunion" aux côtés d'un employé de LREM, Vincent Crase. Dans cette affaire qui éclabousse la présidence, trois policiers sont également mis en examen pour "détournement d'images issues d'un système de vidéoprotection" et "violation du secret professionnel".

Avec AFP et Reuters