logo

Maires et responsables d'ONG se retrouvent mercredi à San Francisco pour un sommet inédit. Objectif : interpeller les dirigeants mondiaux sur leur manque d'engagement contre les gaz à effet de serre, voire leur abdication dans le cas de Donald Trump.

"Un grand sommet sur le climat à San Francisco, c'est tout un symbole", note Pierrick Leurent, correspondant pour France 24 dans la région. "La Californie est aux avant-postes en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Depuis 2016, un tiers de la production d'électricité en Californie provient d'énergies renouvelables et son gouverneur, Jerry Brown, s'est même engagé cette semaine à ce que cette proportion atteigne 100 % d'ici 2045."

C'est donc tout naturellement que la ville accueille, du 12 au 14 septembre, le Sommet mondial d'action pour le climat, le premier du genre. Élus et responsables d'ONG veulent exposer les lacunes des engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et démontrer comment des villes et des régions modèles peuvent combler – partiellement – le fossé. Seront également présents des patrons de multinationales désireux d'annoncer de nouveaux engagements "verts" : passer à l'électricité propre, développer les voitures électriques, mieux isoler les bâtiments, encourager le recyclage, limiter la déforestation...

"Depuis l'accord de Paris, il y a beaucoup de recul", dit à l'AFP Ségolène Royal, l'ancienne ministre française de l'Environnement, en pointant du doigt par exemple l'Australie et l'Allemagne, mais en déplorant aussi le "ralentissement de la dynamique de transition écologique" en France.

Le monde continue à rejeter dans l'atmosphère beaucoup trop de gaz à effet de serre pour limiter à 2 °C l'augmentation moyenne de la température du globe par rapport à la période précédant la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle, ce qui est l'objectif de l'accord de Paris signé fin 2015. La Terre est déjà plus chaude de 1 °C environ et, à ce rythme, la hausse atteindra +3,2 °C à la fin du siècle.

Les États-Unis et l'Union européenne réduisent certes leurs émissions, mais pas assez vite. Le premier pollueur terrestre, la Chine, en rejette de plus en plus, tout comme l'Asie en général, qui se repose encore très majoritairement sur le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

"Nous sommes censés en faire davantage"

Tous ces pays sont censés revoir à la hausse leurs engagements en 2020, point d'étape prévu par l'accord de Paris. Mais les gouvernements peinent à s'accorder ne serait-ce que sur la méthode, comme en témoigne l'impasse des réunions de la semaine dernière à Bangkok. "Si nous ne changeons pas d'orientation d'ici 2020, nous risquons (...) des conséquences désastreuses", a lancé lundi, dans un discours alarmiste, le patron de l'ONU, Antonio Guterres.

Climate change is the defining issue of our time – and we are at a defining moment. If we do not change course by 2020, we could miss our chance to avoid the disastrous consequences of runaway climate change. The time for ambitious #ClimateAction is now. https://t.co/Ad19hj3zsD pic.twitter.com/VykZtbYDUi

  António Guterres (@antonioguterres) 10 septembre 2018

Le sommet est accueilli par le gouverneur de Californie, Jerry Brown, et coprésidé par plusieurs personnalités, dont le milliardaire Michael Bloomberg, le négociateur chinois pour le climat Xie Zhenhua ou encore Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. "J'espère que la France et l'Allemagne relèveront aussi leurs ambitions car nous devons tous en faire davantage", a dit Jerry Brown à l'AFP.

#SB100 and this executive order put California on a path to meet the goals of Paris and beyond. It will not be easy. It will not be immediate. But it must be done. #ActOnClimate #SB100 #GCAS2018 https://t.co/5Kt8eCvwnZ pic.twitter.com/OcK2kMf4sE

  Jerry Brown (@JerryBrownGov) 10 septembre 2018

Initiatives locales

L'ancien président américain Barack Obama avait fixé comme objectif une réduction des émissions américaines d'au moins 26 % en 2025, par rapport à 2005. Les États-Unis en sont actuellement à -12 %, et aucune étude ne prévoit qu'ils atteignent le chiffre initial, a fortiori après que Donald Trump a engagé l'annulation de normes antipollution pour les centrales au charbon et les voitures.

Mais les initiatives locales, au niveau des États et des villes, peuvent combler une partie du désengagement fédéral. Comme la Californie, des États se sont fixé divers objectifs sur l'électricité ou les transports.

Les analystes de Carbon Tracker estiment dans un rapport publié mardi qu'au rythme effréné actuel de croissance des énergies solaires et éoliennes dans le monde, le pic de production des énergies fossiles  arrivera aux alentours de 2023 et, en tout cas, dans les années 2020.