Figure du rock chaâbi franco-algérien des années 1980, connu pour le tube "Ya Rayah" et sa reprise de "Douce France", Rachid Taha est mort dans la nuit de mardi à mercredi d'une crise cardiaque à son domicile, près de Paris, à l'âge de 59 ans.
Le chanteur Rachid Taha est mort dans son sommeil d'une crise cardiaque, à son domicile des Lilas, dans l'est de Paris, a annoncé sa famille. L'ancien chanteur du groupe Carte de séjour aurait dû fêter ses 60 ans le 18 septembre prochain.
Né dans la banlieue d'Oran, Rachid Taha avait grandi à Béjaïa avant de s'installer en Alsace à l'âge de 10 ans. Il mêlait dans sa musique les influences populaires, chaâbi de son Algérie natale, avec des sons plus rock. En 1986, il joue avec son groupe la chanson "Douce France", de Charles Trenet, pied de nez au discours sur l’intégration, à l'heure de la Marche des beurs et de la création de SOS Racisme.
En 1998, il reprend un hymne des immigrés algériens composé par l’idole du chaâbi, Dahmane El Harrachi (1925-1980) : c'est le tube "Ya Rayah" ("Le Partant"). "J’ai découvert le chaâbi à la radio, puis par les Scopitone dans un bar à côté d’où l’on habitait, en Alsace, avec mes parents", racontait Rachid Taha dans une interview au Monde en 2007. Dahmane El Harrachi, "c’est un peu notre Jack Kerouac à nous, de manière plus orientale ou désorientée". "Ya Rayah" devient "le plus gros succès de la planète. Je crois que ça a dépassé 'My Way'", s'en amusait le chanteur.
C'est ce tube qu'il interprète aux Victoires de la musique en 2015, aux côtés de Catherine Ringer.
Une pluie d’hommages
"C’est un ami. C’est un type qui est de chez moi. Nous sommes de l’ouest (de l'Algérie), d’Oran", a réagi sur France 24 le chanteur Khaled, avec qui il avait participé à l’album à succès "1, 2, 3 Soleils", en 1998. "Il n’avait pas sa langue dans sa poche. Quand il y avait des malheurs quelque part, il en parlait haut et fort. Je l’admirais beaucoup".
"C'était un ami pour qui j'avais une grande et profonde affection. Rachid Taha était talentueux, original et généreux. C'était un artiste à la fois créatif et atypique. Il incarnait un idéal, une fraternité en actes, combative et militante. Il était l'esprit de cette France arc-en-ciel et tolérante", a également déclaré l'ancien ministre de la Culture Jack Lang.
"Que de souvenirs professionnels : le succès de "Ya rayah", le concert historique de 1,2,3 soleils et que de fêtes, de discussions et de rires jusqu'à la fin de la nuit ! Quelle tristesse... ! RIP l'ami", a pour sa part écrit le producteur Pascal Nègre sur Twitter. Le chanteur Axel bauer a pour sa part twitté que "Rachid Taha était un grand artiste, mon ami et mon frère, il sera dans mon coeur pour la vie".