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Affaire Skripal : Washington, Berlin, Paris et Ottawa soutiennent Londres face au Kremlin

Londres reçoit le soutien de ses alliés occidentaux (les États-Unis, la France, l'Allemagne et le Canada) dans son bras de fer avec le Kremlin sur l'affaire Skripal. Le dossier est discuté au Conseil de sécurité de l'ONU, jeudi 6 septembre.

La France, l'Allemagne, les États-Unis et le Canada font front commun avec Londres face à Moscou, dans l'enquête sur l'empoisonnement en mars d'un ex-espion russe en Angleterre. "Nous avons entièrement confiance dans les conclusions britanniques selon lesquelles les deux suspects étaient des officiers du service de renseignement militaire russe (...) et cette opération a très certainement été approuvée à un haut niveau de gouvernement [russe]", déclarent, jeudi 6 septembre, les dirigeants des quatre puissances occidentales dans un communiqué publié par Downing Street et cosigné par Londres, au lendemain du lancement d'un mandat d'arrêt européen contre deux hommes. "Nous exhortons la Russie à fournir à l'OIAC [Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, NDLR] des informations complètes sur son programme Novichok", ajoutent-elles.

De son côté, le Kremlin juge "inadmissible" d'accuser le pouvoir russe dans cette affaire   : "Ni les hautes autorités de la Russie, ni les responsables d'un niveau moins important (...) n'ont quoi que ce soit à voir avec ce qui s'est passé à Salisbury", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremin, Dmitri Peskov.

Les pays signataires assurent leur solidarité avec Londres   : "Nous avons déjà pris ensemble des mesures pour contrecarrer les activités du GRU [le renseignement militaire russe, NDLR] en procédant à la plus large expulsion collective d'agents de renseignement non déclarés", écrivent-ils, en référence aux expulsions de diplomates russes qui avaient été décidées dans la foulée de l'empoisonnement, en mars, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia. Les conclusions de l'enquête britannique "renforcent encore notre intention de continuer à empêcher les activités hostiles des réseaux de renseignement étrangers sur nos territoires", assurent-elles.

Vladimir Poutine nommément accusé

Londres a nommément désigné le président russe Vladimir Poutine parmi les responsable de l'empoisonnement à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Mercredi, la Première ministre britannique Theresa May avait affirmé devant le Parlement que l'attaque avait été perpétrée par deux officiers du renseignement militaire russe, et que cette attaque avait "certainement été approuvée en dehors du GRU, à un niveau élevé de l'État russe".

Le secrétaire d'État britannique à la Sécurité, Ben Wallace, a renchéri jeudi en accusant nommément le président russe. "En dernier ressort, bien sûr, il est responsable, c'est le dirigeant de l'État", a-t-il dit sur la BBC. "C'est son gouvernement qui contrôle, finance et dirige le renseignement militaire via son ministère de la Défense." "Je ne pense pas que quiconque puisse dire que M.   Poutine ne contrôle pas son État", a-t-il poursuivi. "Le GRU n'a pas la bride sur le cou."

Le Royaume-Uni a demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies, jeudi, pour informer ses membres de l'évolution de la situation, tandis que le chargé d'affaires russe à Londres a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Parmi les options envisagées figurent "davantage de sanctions", a précisé Ben Wallace. Londres souhaite également élaborer avec ses alliés européens un régime de sanctions applicables en cas d'utilisation d'armes chimiques, selon un porte-parole de Downing Street.

Pas de demande d'extradition

Les auteurs de l'attaque ont été identifiés par la police britannique comme étant les ressortissants russes Alexander Petrov et Ruslan Bochirov, deux noms toutefois soupçonnés d'être des pseudonymes. Leurs photos ont été publiées mercredi et un appel a été lancé au public pour les identifier. Theresa May a laissé entendre que Londres ne demanderait pas l’extradition des deux hommes, faute de pouvoir s'assurer d'une coopération satisfaisante de Moscou.

Selon la police, les deux suspects sont arrivés à Londres le vendredi 2 mars à l'aéroport de Gatwick, près de Londres, et ont séjourné deux nuits dans un hôtel de la capitale avant de se rendre le 3 mars à Salisbury pour "un voyage de reconnaissance" de moins de deux heures. Le lendemain, ils auraient "contaminé la porte d'entrée" de Sergueï Skripal en l'aspergeant de Novichok au moyen d'un petit flacon de parfum, avant de quitter le pays via l'aéroport d'Heathrow le jour-même, se déplaçant toujours en transports en commun. Les Skripal ont survécu à l'empoisonnement, ainsi que le policier leur étant venu en aide.

Mais fin juin, le Novichok avait fait deux nouvelles victimes à Amesbury, ville voisine de Salisbury, dont une est décédée. Charlie Rowley, 45   ans, et sa compagne Dawn Sturgess, 44   ans, avaient manipulé un flacon, qu'ils pensaient être du parfum mais qui contenait l'agent innervant. Cette dernière, une mère de trois enfants, est morte le 8   juillet. Charlie Rowley avait, lui, pu quitter l'hôpital, mais fin août il y avait été réadmis pour des problèmes de vision, selon son frère. La police ne pense pas que le couple ait été visé délibérément.

Avec AFP