La candidature de Frédéric Batumike, un condamné à perpétuité pour plus de 40 viols sur des fillettes, a été jugée recevable par la commission électorale congolaise. Face au tollé, celle-ci a annoncé mardi que des "corrections" étaient "en cours".
C'est une candidature qui choque. Un milicien condamné à perpétuité pour des viols sur des fillettes a vu sa candidature jugée recevable aux élections provinciales en République démocratique du Congo (RD Congo), suscitant la colère d'une ONG contre la commission électorale. "Son cas nous avait échappé. Des corrections sont en cours", a assuré cette même commission à l'AFP.
La candidature de Frédéric Batumike, 64 ans, a été retenue dans la circonscription de Kabare dans la province du Sud-Kivu (est), selon une liste provisoire en date du 26 juillet disponible sur le site de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni). "Nous avons été informés en retard de sa condamnation. Batumike sera invalidé", a déclaré à l'AFP le président de la Céni, Corneille Nangaa.
#RDC #Elections : condamné à perpétuité et en dernier ressort pour crimes contre l’humanité (viols de petites filles) et assassinat d’un activiste des droits de l’homme , Frédéric Batumike est candidat provincial dans le territoire de Kabare. Pour la Ndsci, c’est un « scandale » pic.twitter.com/ubEiRlWS9A
Sonia Rolley (@soniarolley) 28 août 2018Ce même 26 juillet, la Haute Cour militaire avait confirmé en appel sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour le viol d'une quarantaine de fillettes âgées de 18 mois à 12 ans dans la région de Bukavu entre 2013 et 2016. Il avait été condamné en première instance en décembre par un tribunal militaire "pour crime contre l'humanité par viol et par meurtre", avec dix complices. Il était accusé d'appartenir à la milice "Djeshi ya Yesu" (Armée de Jésus).
La "confiance" et la "crédibilité" de la Céni en jeu
Une organisation citoyenne locale, la Nouvelle dynamique de la société civile, a exprimé mardi "sa désagréable surprise de retrouver le nom de Frédéric Batumike sur les listes définitives des candidats députés provinciaux". "Maintenir des criminels et écarter certains citoyens sur la base de considérations et d'injonctions politiques vient enlever le peu de confiance et de crédibilité qui restait à la Céni", ajoute le communiqué.
La Céni a déclaré irrecevables six candidats – sur 25 – à l'élection présidentielle, dont l'ex-chef de guerre et ex-vice président Jean-Pierre Bemba. L'opposition a accusé la Céni d'obéir aux "injonctions" du pouvoir pour écarter des candidats. Les élections présidentielle, législatives et provinciales sont prévues le 23 décembre.
Avec AFP