Les explications du président iranien sur la détérioration de la situation économique sont loin d'avoir convaincu le Parlement, mardi. Depuis le rétablissement des sanctions américaines, le pays subit une crise sans précédent.
Convoqué devant le Parlement pour s'expliquer sur la détérioration de la situation économique en Iran, le président Hassan Rohani n’a pas réussi à convaincre, mardi 28 août, les députés.
C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans que le président est convoqué au Majlis, dans un contexte rendu encore plus sensible par le rétablissement des sanctions américaines.
Cette audition, de près de deux heures, fait suite au limogeage, après un vote de défiance du Parlement, du ministre du Travail le 8 août et de celui de l'Économie, dimanche.
Les députés l'ont interrogé sur cinq dossiers économiques, dont le chômage, l'inflation et l'effondrement de la monnaie nationale, mais ils ont rejeté par un vote quatre de ses cinq réponses. Seule la réponse sur le dossier des sanctions bancaires a été validée, les parlementaires reconnaissant que le gouvernement n'avait aucun contrôle sur ce dossier.
Ils ont maintenant la possibilité de soumettre ces dossiers à la justice dans les prochains jours, s'ils considèrent que le président a manqué à ses obligations légales. Le modéré Hassan Rohani, qui continue de bénéficier du soutien du guide suprême Ali Khamenei, qui a le dernier mot dans le système politique iranien, s'est retrouvé dans une situation délicate, reconnaissant les problèmes auxquels sont confrontés ses compatriotes, sans pour autant admettre l'existence d'une véritable crise.
"Il n'y a pas de crise"
"On ne devrait pas dire que nous faisons face à une crise. Il n'y a pas de crise. Si on dit qu'il y a une crise, cela constituera un problème pour la société puis une menace", a argué le président, critiqué à la fois par les conservateurs et les réformateurs. Acculé, Hassan Rohani n'a pas présenté de propositions pour sortir le pays du marasme, assurant que seule l'unité était la solution.
"Les gens n'ont pas peur des États-Unis. Ils ont peur de notre désunion. Si les gens voient que nous sommes unis, ils réaliseront que leurs problèmes seront résolus", a-t-il plaidé.
Mais le gouvernement Rohani, qui a misé sur une ouverture à l'Occident et les investissements étrangers avec la levée progressive des sanctions internationales consécutive à l'accord nucléaire, a été très affaibli par le rétablissement des sanctions américaines, décidé par Donald Trump.
"Coup de pied de Trump"
Un certain nombre d'Iraniens accusent leur gouvernement de ne pas avoir su tirer profit de l'accord nucléaire. "Vous avez créé une montagne d'espérances appelée JCPOA", a déclaré Mojtaba Zolnour, député de la ville de Qom, utilisant l'acronyme de l'accord nucléaire. "Un seul coup de pied de Trump aura suffi à ce que tout s'effondre et vous vous retrouviez sans alternative".
Le Parlement a légalement le pouvoir de destituer Hassan Rohani. Mais l'ayatollah Ali Khamenei a affirmé que lui retirer la confiance reviendrait "à jouer le jeu de l'ennemi".
Avec AFP