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La presse américaine part en guerre contre la rhétorique anti-médias de Trump

Taxés "d'ennemis du peuple" par Donald Trump, la presse américaine contre-attaquent, jeudi en lançant une campagne de promotion de la liberté de la presse, garantie par la Constitution.

#EnemyOfNone (Ennemi de personne). C'est sous cet hashtag que la presse américaine, taxée "d'ennemie du peuple'' par le président américain, lance jeudi 16 août, une campagne contre Donald Trump pour dénoncer la réthorique présidentielle tout en rappelant la liberté de la presse garantie par la Constitution. Plus de 200 groupes de presse ont prévu de publier des éditoriaux afin d'insister sur l'importance de l'indépendance des médias.

Le Boston Globe, quotidien basé à Boston, est à l'initiative de cette campagne pour réagir à la multiplication des coups de boutoir du président américain contre les médias, qualifiant à l'envi de "fake news" tout organe de presse publiant des informations qui lui déplaisent. Le milliardaire n'hésite pas également à traiter les grands médias "d'ennemi" ou "d'ennemi du peuple".

la presse américaine en campagne contre Donald Trump

The Globe editorial board called for an end to President Trump’s sustained assault on the #FreePress. Hundreds of publishers around the US answered that call https://t.co/XpgjyrODMp pic.twitter.com/7lnSTlE6Sh

  The Boston Globe (@BostonGlobe) 15 août 2018

Le prestigieux quotidien a appelé tous les médias du pays à dénoncer dans leurs éditos "une guerre sale contre la presse libre". Pour les défenseurs de la liberté de la presse, les déclarations de Donald Trump menacent le rôle de contre-pouvoir de la presse et va à l'encontre du premier amendement qui garantit la liberté d'expression et protège les journalistes.

Initiative limitée

"Je ne crois pas que la presse puisse rester sans rien faire et subir. Elle doit se défendre lorsque l'homme le plus puissant du monde tente d'affaiblir le premier amendement", estime Ken Paulson, ancien rédacteur en chef du quotidien USA Today et l'un des responsables du Newseum, le musée de l'information à Washington.

Mais il relativise l'efficacité de cette campagne de sensibilisation : "Les personnes qui lisent les éditoriaux n'ont pas besoin d'être convaincues. Ce ne sont pas elles qui hurlent [sur les journalistes] aux meetings présidentiels". Selon lui, face aux assauts de la Maison Blanche, les médias doivent développer une campagne "marketing" plus large pour souligner l'importance d'une presse libre comme valeur fondamentale.

Mais l'initiative de jeudi pourrait galvaniser les partisans du président, qui pourraient y voir une preuve que les médias sont ligués contre lui. "Les médias organisent une attaque plus étudiée et publique que jamais contre Donald Trump" et contre "la moitié du pays qui le soutient", a tweeté Mike Huckabee, ancien gouverneur républicain et commentateur sur la chaîne conservatrice Fox News.

"Au nom du peuple"

Pour les défenseurs des médias, les enjeux sont bien trop importants pour accepter que les affirmations présidentielles soient hors de contrôle. Certains estiment que ses propos ont généré des menaces contre des journalistes et auraient aussi pu créer un climat d'hostilité ayant mené à de violentes attaques comme celle contre le Capital Gazette à Annapolis fin juin, où cinq personnes ont été tuées par un tireur entretenant une relation conflictuelle avec le journal. Selon un récent sondage Ipsos, 43 % des républicains pensent que le président devrait avoir l'autorité de fermer des médias ayant une "mauvaise attitude".

Le New York Times, quyi est fréquemment la cible des invectives présidentielles, a rejoint la campagne mardi 14 août. Le responsable éditorial James Bennet expliquant qu'"à une époque où les journaux du pays sont soumis à une réelle pression commerciale et politique, nous pensons qu'il est important de faire preuve de solidarité".

En revanche, le Washington Post – l'un des médias ayant le plus enquêté sur l'administration Trump et également souvent visé par l'ire présidentielle – en était absent mercredi 15 août au matin.

Avec AFP