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La Turquie ne sollicitera pas l'aide du FMI

Le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, a déclaré jeudi que son pays avait pleinement compris et pris acte de tous les défis internes auxquels il était confronté, ajoutant que la Turquie ressortirait plus forte des turbulences du marché.

La Turquie se trouve actuellement confrontée à sa plus grave crise monétaire du pays depuis 2001. Une "anomalie de marché", a tempéré jeudi 16 août le ministre turc des Finances, Berat Albayrak. Ce dernier – gendre du président Recep Tayyip Erdogan – s'est exprimé lors d'une conférence téléphonique avec des milliers d'investisseurs, avec la lourde tâche de rassurer les marchés.

Après deux mois passés à la tête du ministère des Finances, Berat Albayrak a affirmé que le secteur bancaire turc était sain et solide et rassuré sur le fait que l'économie ne sera pas l'otage d'une ingérence politique. Il a précisé aux investisseurs que son pays n'hésiterait pas à apporter un soutien au secteur bancaire, capable de résister à la volatilité actuelle, et que les banques n'avaient pas subi d'importants retraits aux guichets.

Le ministre des Finances a également fait savoir que la Turquie ne ferait aucun compromis en matière de discipline budgétaire et que la baisse de l'inflation était une priorité absolue. Il a aussi souligné que le pays n'était pas très endetté, précisant que la dette s'élevait à 137 % du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre. Tous les ministères ont pour mandat de réaliser d'importantes économies, a-t-il insisté.

La devise turque a perdu 34 % depuis le début de l'année

La Turquie n'a jamais pris de mesures allant à l'encontre des lois du marché et des contrôles des capitaux ne seront jamais à l'ordre du jour, a-t-il également déclaré. Berat Albayrak a précisé qu'il s'attendait à un excédent primaire de six milliards de livres turques, soit 0,9 milliard d'euros, fin 2018.

Alors qu'une source gouvernementale allemande faisait savoir jeudi qu'une assistance du Fonds monétaire international (FMI) à la Turquie serait la bienvenue, le ministre truc a déclaré que son pays n'avait pas l'intention de solliciter une telle aide pour faire face à la crise monétaire qu'il traverse.

La livre turque a peu réagi aux propos du ministre turc et se traitait autour de 5,73 pour un dollar, en hausse de 3,7 % jeudi après-midi. La devise turque a perdu 34 % depuis le début de l'année, déstabilisée par les inquiétudes des investisseurs face à l'influence exercée par le président Erdogan sur la politique monétaire du pays et par l'escalade des tensions avec les États-Unis.

Tensions avec les États-Unis, rapprochement avec la France

Le contentieux entre Ankara et Washington a commencé avec l'affaire du pasteur américain Andrew Brunson, détenu puis assigné à résidence en Turquie car soupçonné d'activités "terroristes". En retour, les États-Unis ont instauré au début du mois d'août des sanctions financières contre les ministres turcs de la Justice et de l'Intérieur en raison de leur implication dans ce dossier.

Par ailleurs, Donald Trump a également annoncé un doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium turcs importés aux États-Unis, affirmant que les relations avec Ankara n'étaient "pas bonnes en ce moment". Face à la dégradation de ces relations, la Turquie a réagi en assurant qu'elle trouverait "de nouveaux amis et de nouveaux alliés".

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a assuré jeudi à Donald Trump lors d'une réunion gouvernementale que de nouvelles sanctions étaient prêtes à être appliquées si Andrew Brunson n'était pas libéré. "Nous prévoyons d'en faire plus s'ils ne le relâchent pas rapidement", a-t-il dit lors de cette réunion.

La Turquie ne sollicitera pas l'aide du FMI

Et si la Turquie profitait de ce contentieux pour se rapprocher des États européens ? Jeudi 16 août, le président français Emmanuel Macron et son homologue turc ont eu un entretien téléphonique où ils ont souligné "l'importance de renforcer" les liens économiques entre leurs deux pays, a déclaré la présidence turque. L'Élysée a confirmé, parlant de son "attachement à une Turquie stable et prospère". Emmanuel Macron a "assuré le président Erdogan du soutien de la France en ce sens".

Avec Reuters et AFP