Le Star Sentinel et le Pegasus Peak, navires qui transportent des dizaines de milliers de tonnes de soja américain pour le marché chinois, tournent en rond au large de la Chine depuis l’entrée en vigueur des droits de douane.
Ils tournent en rond en mer Jaune depuis plus d’un mois. Le Star Jennifer et le Peak Pegasus, deux porte-conteneurs chargés de soja “made in USA”, sont devenus des symboles de la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine à grands coups de droits de douanes.
Ils se trouvaient, jeudi 9 août, non loin l’un de l’autre, effectuant un ballet maritime à quelques kilomètres seulement de leur destination, le port de Dalian, dans le nord-est de la Chine. Les deux bateaux attendent des ordres des propriétaires de la précieuse cargaison, qui semblent réticents à payer les tarifs douaniers de 25 % sur les exportations de soja américain, mis en place par la Chine le 6 juillet.
Une valse maritime financièrement censée ?
Ces deux navires avaient quitté leurs ports respectifs aux États-Unis juste avant l’entrée en vigueur des taxes chinoises, espérant réussir à décharger leur soja sans avoir à payer les droits de douanes. Raté.
Leur s mésaventure s - et tout particulièrement celle du Peak Pegasus - sont devenues un sujet récurrent de plaisanteries sur le réseau social chinois Weibo, raconte le quotidien britannique Guardian. Pourtant le ridicule apparent de la situation illustre toute l’incertitude commerciale engendrée par le conflit économique sino-américain.
Plusieurs experts en commerce international interrogés par le Guardian jugent, en effet, que tourner en rond en mer de Chine plusieurs semaines, voire plus (le soja peut être stocké plusieurs mois sans détérioration de la qualité), est peut-être la solution la plus censée financièrement. Les propriétaires pourraient décharger le soja en accepter de payer les droits de douane, mais ils risque raient de s’en mordre les doigts si un dégel des relations commerciale s intervenait dans les prochaines semaines.
Ils peuvent aussi chercher d’autres acheteurs. Mais le prix du soja américain est au plus bas. Les droits de douanes chinois ont privé les États-Unis de leur principal client pour ce tte légumineu se et les fermiers américains cherchent tous à écouler leur stock ailleurs, ce qui a eu pour effet de faire baisser les prix.
Plus de 12 00 dollars par jour
Les propriétaires des cargaisons des deux navires ne sont pas encore prêts à brader leur marchandise. Le Star Jennifer et le Peak Pegasus transportent tous les deux près de 70 000 tonnes de soja, soit des marchandises d’une valeur de 20 millions de dollars au moment où le contrat de livraison avec la Chine avait été conclu.
Mais cette attente a un prix . Les courtiers en produits agricoles Louis Dreyfus Company, propriétaire du soja transporté sur le Peak Pegasus, doivent payer 12 500 dollars par jour supplémentaire en mer, assure le Guardian. Le porte-conteneur aurait dû arriver le 6 juillet au port de Dalian, ce qui signifie que l’addition s’élève déjà à plus de 430 000 dollars.
Le principal espoir de ces marchands réside dans l’appétit chinois pour le soja. Le pays en est le plus gros consommateur mondial, et l’utilise essentiellement pour l’élevage des porcs, dont les Chinois raffolent. Avant d’imposer les droits de douane, Pékin en avait acheté tous azimuts pour se constituer des réserves, rappelle la chaîne économique américaine Bloomberg.
Mais les stocks risquent de ne pas suffire si le conflit commercial traîne en longueur et les experts doutent que la Chine puisse satisfaire ses besoins en se fournissant uniquement auprès des autres pays exportateurs, comme le Brésil. Pékin pourrait alors se retrouver obligé de subventionner les importateurs de soja, note le New York Times , ce qui signifie que la Chine maintiendrait les droits de douane pour ne pas perdre la face, mais les paierait indirectement, rendant ainsi le soja américain de nouveau compétitif.