
À l'avant-veille des élections présidentielle et provinciales afghanes, les regards se portent également sur le Pakistan voisin. Reportage dans un pays en proie, lui aussi, à l'insurrection des Taliban.
Le dernier recensement évalue à 2 millions le nombre d’expatriés afghans répartis sur l’ensemble du territoire pakistanais. Dans le quartier G9 d’Islamabad, on compte la plus importante communauté afghane expatriée du monde. Une communauté composée de commerçants, de restaurateurs, de boulangers, ou encore de professeurs, qui n’oublient pas que dans quelques jours leurs compatriotes vont élire un président.
Mais pour Crulalai Haidary, la directrice de l’école afghane d’Islamabad, élection rime d’abord avec déception. "J’aimerais bien voter comme les fois précédentes. Même si nous vivons au Pakistan, le président afghan est notre président et il doit faire des choses pour nous. Mais cette fois, rien n’a été prévu et l’Afghanistan est trop loin pour aller voter", nous explique cette quingénaire originaire de Kaboul. Selon elle, la population afghane du Pakistan est d’abord composée de réfugiés qui ont fui l’Afghanistan et qui n’y sont pas forcément bienvenus. "Alors les aider à voter…", lance-t-elle.
Ce mois d’août à l’université de la capitale pakistanaise, c’est la période des inscriptions en fac, mais pour les étudiants afghans, élections ou pas, la page afghane est souvent bel et bien tournée. Comme nous explique Sharif Ullah, un jeune Kabouli de 18 ans qui se prépare à un premier cycle de sciences politiques, "je dirais que j’aime le Pakistan. Pourquoi ? Parce que j’ai été accueilli au Pakistan, j’ai grandi ici, j’ai étudié au Pakistan, je suis heureux ici. Demandez-moi pourquoi je ne retourne pas en Afghanistan. Je n’aime pas l’Afghanistan, c’est vrai."
Cette génération tourne peu à peu le dos à son pays d’origine alors qu’au même moment le Pakistan et l’Afghanistan multiplient les gestes de rapprochement. Une volonté de paix et de stabilité anime désormais les deux gouvernements. Mais cette union récente passe par une coopération militaire jusqu’alors contre-nature. Les deux pays voisins se sont affrontés sur leur frontière commune à l’endroit même où ils doivent aujourd’hui coopérer.
Dans quelques jours, un message de félicitations sera adressé au président élu en Afghanistan. Un message d’invitation à poursuivre une coopération obligatoire.