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Le retour en grâce de la demeure présidentielle du fort de Brégançon

Délaissé par Sarkozy et Hollande, le fort de Brégançon semble être du goût du président Macron qui en a fait pour la première année de son quinquennat son lieu de villégiature. Mais pas seulement.

En pleine affaire Benalla, pas question pour Emmanuel Macron de rater le périlleux exercice des images de vacances présidentielles. Avec son épouse Brigitte et leur chien Nemo, Emmanuel Macron a donc choisi de passer ses quinze jours dans un lieu de villégiature sans outrance ni frasque : le fort de Brégançon. Le président affiche ainsi sa volonté de réinvestir la demeure estivale présidentielle. En ce faisant, il "s’inscrit dans les pas de ses prédécesseurs, il est attaché à la continuité de la présidence sous la Ve République", précise l’Élysée au Monde, le 2 août 2018.

Une tradition française

Tous ses prédécesseurs ont en effet tous, sans exception, passé quelques jours dans le fort acquis par la France au XVe siècle. Mais ce n’est qu’en 1968 que le général de Gaulle a pris la décision de convertir la bâtisse méditerranéenne en résidence d’été des présidents, alors même qu’il n'y avait passé qu'une nuit. Une nuit particulièrement détestable, à cause des moustiques et d’un lit trop petit…

L’actuel président ne souhaite pas seulement y faire ses quartiers d’été : il compte également redonner un caractère officiel à la demeure. Il doit d’ailleurs y recevoir dès son arrivée, vendredi 3 août, la Première ministre britannique Theresa May afin d’évoquer la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Le fort devrait ainsi voir se multiplier les rencontres diplomatiques "dans un cadre intimiste, comme les présidents américains à Camp David ", indique l’Élysée au Monde. Une pratique qui n’a rien de nouveau en France. En son temps, François Mitterrand avait reçu le chancelier allemand Helmut Kohl en 1985. Jacques Chirac avait accueilli en 2004 le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Quant à Nicolas Sarkozy, il avait reçu en 2008 la secrétaire d’État américaine Condoleeza Rice.

Le soft power à la française

Les bénéfices de rencontres diplomatiques dans un cadre intimiste sont évidents : "Recevoir son homologue à Brégançon pour un dîner dans un formidable paysage, cela crée des relations différentes que lorsqu'on est derrière un bureau à l'Élysée. Cela peut servir pour les relations futures", explique Guillaume Daret, dans son ouvrage "Le fort de Brégançon" (Éd. L'observatoire). Une manière de cultiver le "soft power" à la française.

La demeure estivale présidentielle avait pourtant été délaissée lors des deux quinquennats précédents. Si Jacques Chirac et, plus tôt, Georges Pompidou goûtaient volontiers le charme du piton rocheux, il semble que Nicolas Sarkozy et François Hollande n’y aient pas été séduits. L’un a préféré la maison familiale de son épouse Carla Bruni, située à quelques encablures de là, au Cap Nègre. L’autre, dont la compagne Valérie Trierweiler s’y est sentie harcelée par les paparazzis après un séjour en 2012, avait décidé de confier la gestion du fort au Centre des monuments nationaux, afin de l’ouvrir au public l’été. Raison pour laquelle Emmanuel Macron n’a pas pu investir les lieux dès sa première année au pouvoir, le statut touristique de Brégançon ayant été prolongé jusqu’en septembre 2017.

La piscine du roi est prête. Manquera juste Benalla à Brégançon. https://t.co/NLRWiSxG7O

  Florence Desruol (@florencedesruol) 3 août 2018

L’actuel président semble davantage s’y plaire car il a pleinement investi les lieux. Le couple Macron a en effet décidé d’y refaire l’électricité, la peinture et la cuisine du lieu pour un montant de 150 000 euros. Somme à laquelle s’ajoute un budget de fonctionnement annuel de 100 000 euros. Les Macron pourront également se rafraîchir dans la nouvelle piscine hors-sol, qui a coûté la somme de 34 000 euros et provoqué de nombreuses critiques dans les rangs de l’opposition. Une solution moins coûteuse que la sécurisation de la plage, assure-t-on du côté de l’Élysée, qui nécessite onze gendarmes postés sur des bateaux de sauvetage, pour un coût de 60 000 euros. Les Macron pourront donc recevoir officiels et intimes dans un cadre privé, loin des paparazzis. Le reste de l’année, le fort restera ouvert au public.