logo

Plus de 60 ans après sa disparition, un skieur français identifié grâce aux réseaux sociaux

La police italienne a pu retrouver 64 ans après sa disparition, avec l'aide des médias et des réseaux sociaux, l'identité d'un skieur français mort en 1954 à 3 100 mètres d'altitude.

Depuis 64 ans, la famille d’Henri Le Masne vivait dans le deuil, mais sans pouvoir se recueillir sur la dépouille de ce skieur disparu dans le Val d’Aoste, dans le nord-ouest de l’Italie, en 1954. Cette douleur est désormais un peu plus apaisée. Ses proches l’ont retrouvé grâce à la police italienne et aux réseaux sociaux.

Vous rappelez le #mystère du skieur disparu? Grâce à vos partages la nouvelle est arrivée à sa famille en France et, au moyen de l’extraction de l’ADN par la police scientifique de Turin, nous savons que le skieur est M. Henri le Masne, qui avait disparu sur le Cervin en 1954 pic.twitter.com/qw4Vzo85JL

  Polizia di Stato (@poliziadistato) 29 juillet 2018

En juillet 2005, des restes humains et des accessoires avaient été retrouvés aux Cimes blanches dans le Valtournenche. Pendant de longues années, la police italienne n'a pas réussi à retrouver l'identité de cette personne. Fin juin 2018, elle a finalement lancé un appel sur les réseaux sociaux pour tenter d'identifier la victime, un homme d'une trentaine d'années selon les analyses effectuées.

Celles-ci avaient permis de conclure qu'il s'agissait d'une personne aisée, au regard de la très bonne marque de ses skis en bois comportant un numéro de série. Sur la base de leur longueur, les enquêteurs ont également conclu que le skieur mesurait 1m75, une mensuration confirmée par un médecin. Son blouson de ski léger permettait de penser que le décès avait eu lieu au printemps.

Des clichés des enquêteurs montrent en outre ses lunettes, une montre, ainsi que des morceaux de chemise avec des initiales brodées. Ces découvertes ont été partagées fin juin sur les réseaux sociaux, les policiers estimant que l'homme n'était probablement pas italien ce qui expliquait que les recherches en Italie n'aient donné aucun résultat.

La fin de l'énigme

Une Française, Emma Nassem, a rapidement répondu après avoir entendu l'information sur une radio française. Elle  a alors évoqué son oncle, Henri Le Masne, né en 1919 à Alençon et décédé avec ses skis sur le Cervin en 1954, un jour de grosse tempête.

Roger Le Masne, 94 ans, le petit frère du disparu, s'est également manifesté, très ému. "Je suis le frère d'Henri Le Masne, qui est probablement le skieur disparu voici 64   ans", a-t-il écrit dans un courriel. "Mon frère Henri, célibataire, était un personnage plutôt indépendant. Il travaillait dans l'administration civile du ministère des Finances à Paris".

À l'époque de la disparition, Roger s'était rendu dans l'hôtel de montagne où son frère avait réservé une chambre durant quinze   jours, y laissant des effets personnels ainsi que 35   000 lires et 5   000 francs français. Il n'était jamais revenu d'une sortie à ski le 26 mars 1954. Sur une photographie fournie par la famille, la police d'Aoste a identifié les même lunettes retrouvées à 3   100 mètres d'altitude.

"J'ai été très heureux de cette conclusion que je n'attendais plus"

Mais pour évacuer tous les doutes, Roger s'est prêté à un test ADN où apparait notamment le chromosome Y commun à plusieurs générations de membres masculins de la famille. Le 24 juillet, Henri Joseph Leonce Le Masne a ainsi été formellement identifié.

"J'ai été très heureux de cette conclusion que je n'attendais plus", a expliqué Roger Le Masne sur l’antenne de France Inter. "Nous allons pouvoir organiser des funérailles familiales catholiques, comme on le fait toujours dans notre famille, une chose qu'on ne pouvait pas faire tant que le corps n'était pas retrouvé. Mon frère reposera avec notre père et mon épouse dans la tombe de famille."

Les obsèques n’ont pas encore été fixées. La famille n'a pour l'instant pas pu récupérer la dépouille. "On attend. D'après les Italiens ce sera peut-être dans plusieurs mois, a précisé le frère de l’ancien disparu.. J'espère que la police italienne nous permettra de récupérer le corps, même si, 64 ans après, je ne suis plus à deux mois près."

Avec AFP