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En Argentine, des femmes déguisées en servantes écarlates manifestent pour défendre le droit à l'avortement

Le costume inspiré de la série télévisée "The Handmaid's Tale" est devenu un symbole lors de manifestations en faveur du droit à l'avortement.

C'est vêtues de capes rouges et de coiffes blanches que des activistes argentines ont défilé mercredi 25 juillet dans les rues de Buenos Aires pour défendre leur droit à l'avortement. Une tenue qui ne doit rien au hasar, puisqu'elle est inspirée de la série "The Handmaid's Tale" (en français, "La Servante écarlate"), dans laquelle les femmes sont privées de leur statut de citoyennes. 

Dans la série dystopique inspirée d'un roman de Margaret Atwood, les Servantes sont les dernières femmes considérées comme fertiles, dans un monde où le taux de natalité est anormalement bas. Elles sont réduites à cette seule fonction de reproduction. Placées au sein de couples riches et puissants mais incapables d'avoir des enfants, elles sont violentées et abusées jusqu'à ce qu'elles tombent enceintes.

Des avortements illégaux et dangereux

À Buenos Aires, les activistes sont venues défendre une proposition de loi sur laquelle le Sénat argentin doit statuer le 8 août. Déjà adoptée en première lecture de justesse le 14 juin au Parlement, cette proposition vise à légaliser l'avortement dans les quatorze premières semaines de grossesse. Pour l'instant, les femmes ne sont autorisées à avorter qu'en cas de viol, si la grossesse représente un danger pour elles, ou si il existe une importante malformation du foetus. Si ces conditions ne sont pas respectées, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est alors passible d'une peine de quatre ans de prison.

Beaucoup ont recours à des solutions alternatives – entre 370 000 et 522 000 chaque année selon le ministre de la santé local –, illégales et risquées. Les avortements illégaux sont la première cause de mortalité maternelle dans le pays. Une centaine de femmes en mourraient par an, selon des chiffres régulièrement avancés par des associations.

Pressions et mobilisations

Les politiciennes et politiciens subissent des pressions importantes pour ne pas approuver le texte, qui avait déjà été soumis six fois au Parlement depuis 2007 sans succès. L'Église catholique notamment, qui a un poids considérable dans le pays, a milité en ce sens. Certains ont dénoncé des pressions, voire des menaces, a rapporté Le Monde.

Une partie importante de la population, surtout des adolescentes, s'est mobilisée pour faire contrepoids. Reconnaissables grâce à un foulard vert, que les activistes déguisées en servantes écarlates portaient également, elles ont été des dizaines de milliers à défiler, ou à s'exprimer sur les réseaux sociaux avec le hashtag #LasPibasYaEligieron ("les filles ont déjà choisi" en français) en faveur de la légalisation de l'avortement.

Selon l'agence Associated Press, les activistes marchaient cette fois à Buenos Aires en slience, tête baissée devant le Congrès national. L'une d'entre elles a lu une lettre, écrite par l'auteure Margaret Atwood elle-même, qui soutient le mouvement. "Personne n'aime l'avortement, même lorsque c'est peu risqué et légal. Ce n'est pas quelque chose qu'une femme choisirait pour passer un bon moment un samedi soir. Mais personne n'aime voir les femmes saigner à en mourir dans la salle de bains à cause d'avortements illégaux", était-il écrit.

Ce n'est pas la première fois qu'un costume faisant référence à "The Handmaid's Tale" est utilisé lors d'une manifestation. En 2017, des femmes l'avaient déjà revêtu au Texas pour protester contre un amendement qui visait à interdire l'IVG durant le second trimestre de grossesse, ou dans l'État d'Ohio contre un autre amendement anti-avortement. Plus récemment, en juin 2018, des Américaines ont défilé en robe rouge contre le vice-président des États-Unis Mike Pence, dénonçant ses tentatives de réduire leurs droits.

OK last one: Handmaids demonstration on South Broad Street during #PenceinPhilly protest last hour

Une publication partagée par Jim MacMillan (@jimmacmillan) le 23 Juil. 2018 à 3 :50 PDT

Le président argentin Mauricio Macri a d'ores et déjà promis qu'il n'opposerait pas de veto si la loi était votée.

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