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La victoire ne sera "ni rapide ni facile", prévient Barack Obama

À trois jours de l'élection présidentielle afghane, le président des États-Unis a qualifié l'engagement de son pays en Afghanistan de "guerre qui mérite d'être menée". Mais il a averti que la victoire n'aurait pas lieu "en une nuit".

REUTERS - Dans un discours visant à convaincre l'opinion américaine du bien-fondé de sa stratégie militaire en Afghanistan, le président Barack Obama a expliqué lundi que le conflit afghan était une "guerre qui mérite d'être menée".


"L'insurrection en Afghanistan ne s'est pas déclarée en une nuit et nous ne parviendrons pas à la vaincre en une nuit", a déclaré Obama devant des membres de la principale organisation américaine d'anciens combattants.


"Cela ne sera ni rapide, ni facile", a ajouté Obama qui tente de préparer ses compatriotes à l'idée d'un conflit entamé en 2001 et qui risque de durer.

A trois jours d'une élection présidentielle cruciale dans ce pays, où le président américain a porté les effectifs des troupes américaines à 62.000 hommes et alors que leurs pertes sont en constante augmentation, l'opinion doute et l'impatience monte, selon les sondages.

Alors que 44 "boys" ont été tués en juillet - un record mensuel depuis l'invasion de 2001 -, une majorité sans précédent d'Américains se déclarent hostiles à la guerre, tandis que 41% la justifient, révèle une étude CNN/Opinion Research Corp.

D'autres sondages traduisent la même tendance, alors que, traditionnellement, la guerre d'Afghanistan était moins impopulaire que celle d'Irak.

"Les Américains commencent à récuser le concept de 'guerre juste' au fur et à mesure que la situation en Afghanistan se dégrade", note Nick Mills, enseignant au département de journalisme de l'université de Boston.  

GUERRE DE NÉCESSITÉ

Cette dégradation a été illustrée avec éclat par l'attentat suicide à la voiture piégée qui a fait sept morts samedi devant le QG des forces de l'Otan au coeur du quartier sécurisé de Kaboul.

Face à cette situation, Obama a tenté d'expliquer pourquoi il était convaincu que sa politique pour l'Afghanistan, dévoilée au début de l'année, fonctionnait et pourquoi les Etats-Unis devaient maintenir leur présence dans un pays ravagé par la violence.

"Ce n'est pas une guerre de choix. C'est une guerre de nécessité", a-t-il dit. "Ceux qui ont attaqué l'Amérique le 11 Septembre se préparent à recommencer. Si elle n'est pas contrôlée, l'insurrection des taliban sera synonyme d'un plus grand nombre de repaires sûrs à partir desquels Al Qaïda pourra se préparer à tuer à nouveau des Américains."

"Cette guerre mérite non seulement d'être menée mais elle est fondamentale pour la défense de notre peuple", a-t-il affirmé.

Près de huit ans après le début du conflit, les taliban redoublent d'audace et menacent jusqu'à la crédibilité des élections présidentielles et provinciales de jeudi, dont les forces internationales sont censées assurer le bon déroulement.

Le président sortant Hamid Karzaï est notamment défié par l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah.

Quel que soit son résultat, le scrutin n'apportera la solution à aucun des maux endémiques du pays - corruption, trafic de drogue, pauvreté et violence -, juge Michael O'Hanlon, analyste diplomatique à la Brookings Institution.

Malgré l'impopularité croissante de l'engagement américain en Afghanistan, Obama a pu compter jusqu'à présent sur la patience de l'opinion mais, selon les analystes, il ne pourra se reposer sur elle indéfiniment.

"Il faut que nous soyons en mesure de pouvoir faire état de progrès d'ici un an", convient le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.

L'exemple d'un tel progrès serait, selon lui, "une situation analogue à celle qui prévaut en Irak depuis deux ans et demi, où la responsabilité de la sécurité passerait de plus en plus des mains des forces internationales à celles des forces afghanes".

Les analystes s'accordent eux aussi à donner encore un an à Obama pour faire la preuve de progrès en Afghanistan car, en novembre 2010, il affrontera les élections parlementaires de mi-mandat qui pourraient fournir aux Américains l'occasion de laisser éclater leur mécontentement.

"Je pense que le président Obama bénéficiera au moins de la tolérance réticente du peuple américain jusqu'en 2010. S'il n'y a pas de progrès au cours de l'an prochain, alors tout sera possible", souligne O'Hanlon.