FRANCE 24 revient sur les 100 premiers jours de Jacob Zuma à la tête de la plus grande puissance économique du continent africain. Et sa bataille contre une récession qui compromet ses promesses de lutte contre la pauvreté.
Il respecte les traditions et joue les hommes du peuple. En 100 jours de gouvernance, Jacob Zuma a tout fait pour ressusciter le rêve unificateur de Nelson Mandela – rêve de prospérité, d’espoir et de nouveau départ pour tous. Dans son élan populiste, le tribun zoulou avait même fait miroiter la création de 500 000 emplois avant la fin de l’année…
”Tant qu’il y aura des travailleurs qui ont du mal à nourrir leur famille et à trouver du travail, nous serons là, infatigables, car nous n’oserons jamais abandonner la bataille de la lutte contre la pauvreté’’, avait-il déclaré, le 3 juin dernier, au Parlement, lors de son discours d’investiture.
Ces propos ont très vite été pris au pied de la lettre. A peine avait-il pris ses fonctions que des manifestations, parfois violentes, éclataient un peu partout dans le pays. Les populations des quartiers les plus pauvres se déclaraient exaspérées par la détérioration des services publics. Mais si les images de ces incidents sporadiques rappelaient les années noires de l’apartheid, c’était les partisans du pouvoir qui étaient, cette fois, dans la rue. Et comme pour ajouter aux malheurs de Zuma, les alliés du gouvernement - communistes et syndicalistes - ont profité de la grogne pour lancer dans tous les secteurs du pays des grèves massives et réclamer des augmentations.
"Les townships en feux, on sait ce que c’est !"
Pour Mbulelo Bikwani, observateur du monde syndical, Jacob Zuma ne fait que récolter ce qu’il a semé. “Quand on fait des promesses à notre peuple, il les prend très au sérieux. C’est comme ça ici. Mais je peux vous dire qu’ils ont intérêt à y répondre. Parce que les townships en feux, on sait ce que c’est ! On les a déjà vus, et on les reverra si rien ne se passe !’’ assure-t-il aujourd’hui.
En Afrique du Sud, 15 ans après la fin de l’apartheid, près de la moitié de la population vit encore avec moins de 2 dollars par jour. Pour ces millions de Sud-Africains qui s’entassent dans les bidonvilles, liberté ne rime pas forcément avec prospérité. Nonfudile Ndleleni habite Langa, un township de la banlieue du Cap. Elle attend sa maison depuis que le Congrès national africain (ANC) a pris le pouvoir. L’arrivée de Jacob Zuma à la présidence n’y a rien changé.
“Moi, j’attends ma maison depuis 17 ans. Et tous les ans, on me répète que je suis sur les listes. Mais, en fait, rien ne se passe. Voter ? Bien sûr qu’on a voté. Pour l’ANC. De toute façon, on ne connaît rien d’autre ici. On n’a pas le choix. Alors on a voté Zuma. Comme tout le monde. Mais bon, depuis, rien n’a été développé dans ce quartier. Et moi, j’attends. Je ne sais pas trop quoi faire. Je commence à perdre espoir “, concède-t-elle.
Cent jours en plein hiver austral, c’est très long quand on n’a ni électricité ni eau courante. Le régime Zuma a fait ses premiers déçus : ceux qui n’ont plus la patience d’attendre de meilleures conditions de vie…