Au moins 10 personnes ont été tuées, dimanche au Nicaragua, par la police et les groupes paramilitaires favorables au président Daniel Ortega, au cours d'un week-end marqué par de nouvelles manifestations.
Au Nicaragua , la police et les groupes paramilitaires favorables au président Daniel Ortega ont tué au moins 10 personnes, dimanche 15 juillet, a annoncé une association de défense des droits de l'homme. Les forces gouvernementales ont mené des attaques dans la commune de Monimbo et la ville de Masaya, située à environ 25 kilomètres au sud-est de la capitale, Managua, a rapporté un membre de l'association nicaraguayenne des droits de l'homme.
"Le bilan est d'au moins une dizaine de morts à l'heure actuelle", a déclaré Alvaro Leiva à une chaîne de télévision locale. Aucun commentaire n'a été effectué par le gouvernement.
Au total, autour de 300 personnes ont trouvé la mort et quelque 2 000 ont été blessées dans les violences qui secouent ce pays, le plus pauvre d'Amérique centrale, depuis trois mois, selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH).
"Ils tiraient pour tuer !"
Les étudiants sont le fer de lance d'un mouvement massif de protestation déclenché le 18 avril contre le président Daniel Ortega, 72 ans, arrivé à la tête du Nicaragua en 2007, après l'avoir déjà dirigé de 1979 à 1990. Il est accusé d'avoir durement réprimé les manifestations et mis en place, avec son épouse Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, une "dictature" marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.
Samedi, les médiateurs de l'église catholique ont obtenu la libération de dizaines de jeunes manifestants qui s'étaient retranchés dans une église catholique de Managua après de violents accrochages avec des partisans du président Ortega. Au moins une personne a été tuée dans l'église et trois autres ont été blessées.
"Nous demandons à Dieu de nous accompagner. Nous allons sauver les garçons", avait déclaré le nonce apostolique Stanislaw Waldemar Sommertag en allant escorter les autocars qui évacuaient les jeunes gens ainsi libérés après avoir passé une vingtaine d'heures confinés dans l'église de la Divine Miséricorde.
Le cardinal Leopoldo Brenes, le président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), a qualifié le gouvernement d'"unique responsable" de ces évènements.
"Ils tiraient pour tuer (...) ils avaient des armes de gros calibre !", a dénoncé devant la presse, une fois arrivé en car à la cathédrale de Managua, un des étudiants évacués de l'église.
Des "délinquants" issus de la "droite putschiste"
Celle-ci est située dans le sud-ouest de la capitale, près de l'Université nationale autonome (UNAN) où s'étaient réfugiés environ 200 étudiants participant aux manifestations contre le président Daniel Ortega qui se sont ensuite retranchés dans l'église pour fuir une attaque contre l'UNAN.
Pendant la nuit, un prêtre était sorti de l'église, portant le drapeau du Vatican, pour évacuer des blessés graves ainsi qu'un journaliste américain du Washington Post, Joshua Partlow. Très influente au Nicaragua, l'Église catholique soutient la demande des manifestants pour des élections anticipées, refusées par le président.
Plusieurs blessés ont été signalés d'autre part après un violent assaut des forces de l'ordre contre un barrage routier tenu par des agriculteurs à San Pedro de Lovago, dans le centre du pays.
Vendredi à Masaya, la ville la plus rebelle du pays située à une trentaine de kilomètres au sud de Managua, des partisans de Daniel Ortega ont "tiré avec des armes de gros calibre" dans le quartier de Monimbo, tuant "un policier et un manifestant", a affirmé Alvaro Leiva, un responsable de l'Association nicaraguayenne des droits de l'Homme (ANPDH).
Le président nicaraguayen avait mobilisé ses soutiens pour marcher vendredi sur Masaya, en réponse à la grève générale. Des fidèles du président étaient partis de la capitale à bord de centaines de véhicules et à moto, agitant des drapeaux rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), le parti au pouvoir. Le chef de l'État était présent avec son épouse dans ce convoi.
La grève générale de vendredi était la deuxième depuis celle du 14 juin au cours de laquelle quatre personnes étaient mortes. Pour le gouvernement, les protestataires sont des "délinquants" issus de la "droite putschiste" soutenue par les États-Unis.
La tension était déjà montée d'un cran quand une centaine de partisans de Daniel Ortega et de paramilitaires avaient agressé des prélats catholiques dans une basilique, au lendemain d'affrontements avec des adversaires du pouvoir qui avaient fait 14 morts.
Avec AFP