
Le sommet de l'Otan a débuté, mercredi, sur un ton acrimonieux de Donald Trump qui a interpellé Angela Merkel sur sa contribution financière à l'Alliance atlantique. Après un tête-à-tête, les deux dirigeants ont semblé vouloir apaiser les tensions.
Donald Trump a attaqué frontalement l'Allemagne dès l'ouverture du sommet de l'Otan, mercredi 11 juillet, à Bruxelles, l'accusant de ne pas contribuer suffisamment aux efforts militaires de l'Alliance militaire atlantique contre la Russie, et de jouer un double-jeu avec Moscou.
"L'Allemagne est complètement contrôlée par la Russie (...) elle est prisonnière de la Russie", a-t-il tonné dans une longue diatribe contre la première puissance économique de l'Union européenne. "Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela ? Ce n'est pas juste", a-t-il asséné.
Mais l'orage déclenché par Donald Trump s'est sensiblement apaisé lors des rencontres bilatérales qui ont suivi l'ouverture du sommet. Le président américain a assuré avoir "de très bonnes relations" avec la chancelière, qui a affirmé que l'Allemagne et les États-Unis sont "de bons partenaires" et souhaitent "continuer à coopérer à l'avenir".
Le dialogue s'est ensuite engagé avec le chef de l'État français, Emmanuel Macron, qui dit vouloir "poursuivre [les] échanges sur les sujets commerciaux, l'Otan mais également la Syrie". Donald Trump espère, de son côté, que les divergences avec ses partenaires sur l'Otan et le commerce seront surmontées.
La charge de Donald Trump avant l'ouverture du sommet ciblait le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l'Allemagne. Le président américain exige son abandon. L'attaque lui permet d'enfoncer un coin dans l'unité des Européens, car le projet les divise. À ce jour, la moitié du gaz acheté en Europe est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance.
"Langage très direct"
Donald Trump s'en est aussi pris plus généralement aux membres de l'Otan qui "ne payent pas ce qu'ils devraient" pour leurs dépenses militaires.
NATO countries must pay MORE, the United States must pay LESS. Very Unfair!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 10 juillet 2018Le chef de l'Otan a reconnu que le président américain avait utilisé un "langage très direct" mais a assuré que les Alliés étaient d'accord sur les dossier cruciaux : la nécessité de renforcer la résilience de l'Organisation, la lutte antiterroriste et le partage plus équitable du fardeau financier.
De fait, les Européens appréhendaient un sommet de l'Otan acrimonieux et difficile. Le président des États-Unis avait quitté Washington d'humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec le président Russe Vladimir Poutine, prévue le 16 juilet à Helsinki, pourrait être "plus facile" que le sommet de l'Otan.
Ce comportement exaspère sur le Vieux Continent. Rompant avec le ton policé de ses prédécesseurs, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, l'a interpellé pour lui dire combien ses critiques presque quotidiennes étaient déplaisantes et l'a invité à "mieux considérer" ses alliés "car l'Amérique n'en a pas tant que ça". Il lui a également rappelé que l'Europe avait été "la première à réagir" après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.
The European Union makes it impossible for our farmers and workers and companies to do business in Europe (U.S. has a $151 Billion trade deficit), and then they want us to happily defend them through NATO, and nicely pay for it. Just doesn’t work!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 10 juillet 2018Pourcentage du PIB
Les Alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2 % de leur PIB à leur défense en 2024, mais une quinzaine d'États membres, dont l'Allemagne, le Canada, l'Italie, la Belgique et l'Espagne sont sous la barre de 1,4 % en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère Donald Trump.
"L'Allemagne est un pays riche. Elle peut augmenter sa contribution dès demain sans problème", a affirmé le président américain.
Avec AFP