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Le Novichok, un poison de la guerre froide encore plus mortel que le sarin

Les deux Britanniques retrouvés empoisonnés, mercredi, ont été exposés à un poison de la famille Novichok. Cet agent innervant avait déjà été utilisé contre l'ex-espion russe Sergueï Skripal, début mars.

Novichok, le retour. Les deux Britanniques Charlie Rowley et sa compagne Dawn Surgess, retrouvés samedi 3 juillet dans un état critique dans le sud-ouest de l'Angleterre, ont été exposés au même poison que l'ex-agent double Sergeï Skripal et sa fille, il y a trois mois, ont confirmé les autorités britanniques. La police se demande comment ce couple a pu être exposé à ce même poison, réputé être plus dangereux que le gaz sarin.

Le Novichok, qui signifie “nouveau venu” en russe, a été développé dans les années 1970 par l’Union soviétique. Malgré sa relative ancienneté, “aucun cas d’empoisonnement au Novichok n’avait été répertorié avant Sergeï Skripal”, assure Gary Stephens, pharmacologiste à l’université de Reading, contacté par France 24.

Les poisons de la famille Novichok agissent par inhalation ou au contact de la peau et partagent les mêmes effets sur le corps humain que ses “cousins” plus connus. “Il rend la respiration d’abord plus difficile, fait pleurer les yeux, fait baver, ralenti t le cœur, entraîne des convulsions et pousse la victime à s’uriner et se déféquer dessus”, énumère Gary Stephens. La victime finit par mourir d’asphyxie.

Poudre mortelle

Il s’est fait beaucoup plus discret que deux agents innervant s qui lui sont proches, le gaz sarin - utilisé lors de l’attentat dans le métro de Tokyo en 1995 - et le gaz VX, qui a servi à tuer le beau-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jung-un, en février 2017.

Mais l’agent innervant Novichok est considéré comme à la fois plus efficace et plus mortel que le gaz sarin ou même le VX. Il peut se présenter sous forme de poudre , alors que le sarin et le VX n’existent qu’à l’état liquide, ce qui “rend le Novichok à la fois plus facile et plus stable à transporter”, explique l’expert britannique. Il en faut aussi moins pour être tout aussi mortel que les autres agents innervant s .

Les autorités britanniques n’ont, en revanche, pas précisé quel le souche d’agent Novichok avait été utilisée sur le sol britannique. Il peut, en effet, apparaître sous différentes formes et peut également être prêt à l’emploi ou nécessit er d’être assemblé avant d’être administré à la victime. Dans ce dernier cas, les experts parlent d’”arme chimique binaire”, c’est-à-dire que le poison se présente sous la forme de deux composés qui, pris séparément, ne sont pas toxique s mais deviennent mortel s une fois réunis. Un avantage pour celui qui doit transporter le poison puisqu’il ne risque pas de se contaminer par erreur et qu’il est plus difficile à détecter lors d’éventuel s contrôle s . Le risque, en revanche, est de se tromper dans les proportions au moment de l’assemblage.

Le gouvernement britannique a demandé des explications à Moscou après ces nouveaux cas d'empoisonnement au Novichok, qui pourrait être accidentel. " Il est totalement inacceptable que notre population soit une cible, délibérée ou accidentelle, et que nos rues soient utilisées comme poubelles pour du poison", a déclaré le ministre de l’Intérieur britannique Sajid Javid.