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La retraite du doyen de la Cour suprême, une aubaine pour Trump

Après plus de trente ans passés à la Cour suprême américaine, le juge Anthony Kennedy va prendre sa retraite à l'âge de 81 ans, ouvrant la possibilité au président Donald Trump de renforcer le conservatisme de cette institution clé.

Anthony Kennedy, doyen de la Cour suprême américaine, nommé par Ronald Reagan en 1987, décide de prendre sa retraite à l'âge de 81 ans. Cette annonce surprise – les juges sont nommés à vie – laisse le champ libre à Donald Trump pour renforcer le conservatisme de cette institution clé.

C'est une aubaine pour le président américain, qui a déjà eu l'occasion de nommer le très conservateur Neil Gorsuch comme nouveau juge en avril 2017. Cette fois, il s'agit de remplacer Anthony Kennedy, qui est souvent présenté comme le magistrat pivot de la haute cour : conservateur sur des sujets comme les armes à feu ou le financement électoral, il lui arrive de virer progressiste sur des thèmes comme l'avortement ou la discrimination positive.

Au sein de la haute cour, c'est souvent lui qui a départagé les quatre juges progressistes des quatre juges conservateurs. L'avis d'Anthony Kennedy s'est révélé décisif notamment dans le domaine des droits des homosexuels : en 2015, grâce à lui, a été emportée la décision légalisant le mariage gay dans tous les États-Unis. Le magistrat d'origine irlandaise avait alors rédigé l'arrêt historique.

Remplacement "immédiatement"

Le processus de remplacement du juge Kennedy va débuter "immédiatement", a déclaré Donald Trump. "Nous avons une liste de 25 personnes que j'avais présentée durant ma campagne. J'en avais 20 et j'en ai ajouté cinq", a-t-il poursuivi.

Lors d'un meeting de campagne dans la soirée, le président s'est dit "honoré" de la décision d'Anthony Kennedy de prendre sa retraite pendant son mandat. "Il avait confiance en moi pour que je fasse le bon choix pour faire vivre son héritage", a-t-il déclaré en appelant ses partisans à se découvrir pour rendre hommage au magistrat.

Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat, prévoit de boucler le processus de confirmation à l'automne.

Les démocrates promettent de batailler ferme

On peut s'attendre à une bataille politique épique autour du successeur d'Anthony Kennedy, dont le départ à la retraite était redouté par les démocrates américains et toutes les organisations progressistes du pays, qui savent que Donald Trump voudra lui nommer un remplaçant nettement plus à droite.

Cette vacance à la Cour suprême "est la plus importante depuis au moins une génération", a averti le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. "En jeu se trouvent le sort de notre système de santé, le droit des femmes en matière de procréation et d'innombrables protections pour les Américains moyens", a-t-il ajouté.

Les démocrates voudront certainement jouer la montre, comme l'avaient fait, en 2016, les sénateurs républicains majoritaires qui avaient alors refusé d'auditionner un magistrat nommé par Barack Obama à la Cour suprême, en justifiant leur attitude par l'approche de l'élection présidentielle.

Au final, ce juge, Merrick Garland, n'avait pas été confirmé au poste et Donald Trump, une fois élu, avait eu les mains libres pour choisir le candidat Neil Gorsuch. Au passage, il faisait voler en éclats une règle historique du Sénat imposant une majorité qualifiée pour permettre le vote. Le juge Gorsuch s'est révélé être un fidèle défenseur dans ses jugements des valeurs traditionnelles républicaines.

"Nos collègues républicains devraient suivre la règle qu'ils ont instituée en 2016 et refuser d'examiner toute candidature d'un juge à la Cour suprême une année d'élection", a estimé Chuck Schumer en référence aux scrutins de mi-mandat en novembre.

Avec AFP