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Zimbabwe : le président échappe à un attentat à un mois des élections

À un mois des premières élections post-Mugabe au Zimbabwe, le président du pays Emmerson Mnangagwa a échappé samedi à un attentat à l'explosif lors d'une réunion de campagne. Au moins 49 personnes ont été blessées, dont les deux vice-présidents.

L'attentat inédit à l'explosif qui a visé une réunion de campagne du président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa à Bulawayo, samedi 23 juin, a plongé le pays dans l'incertitude, à un mois de ses premières élections de l'ère post-Robert Mugabe.

L'engin, non identifié, a explosé juste après un discours prononcé par le chef de l'État et candidat à la présidentielle devant des milliers de ses partisans réunis dans un stade de la grande ville du sud Bulawayo, un fief de l'opposition.

Emmerson Mnangagwa a été évacué sain et sauf, mais un nouveau bilan donné dimanche par la police faisait état d'au moins 49 personnes blessées, dont certaines grièvement. Parmi elles figurent les deux vice-présidents du pays, Constantino Chiwenga et Kembo Mohadi, ainsi que plusieurs hauts dirigeants du parti au pouvoir, la Zanu-PF, pour la plupart superficiellement atteints.

L'attaque n'a pas encore été revendiquée, mais le président a dénoncé un "acte lâche" qui le visait personnellement. "C'est l'œuvre de mes ennemis mortels, il y a déjà eu de nombreuses tentatives", a-t-il déclaré samedi soir à la télévision nationale, sans autre détail. "J'ai l'habitude. On est entré par effraction dans mon bureau à six reprises. On a tant de fois mis du cyanure dans mon bureau… Mais je continue".

Crise interne au sein de la Zanu-PF

Agé de 75 ans, Emmerson Mnangagwa a pris les rênes du Zimbabwe après la démission en novembre de Robert Mugabe. Au terme d'un règne sans partage de trente-sept ans, le "camarade Bob" a été lâché par l'armée et la Zanu-PF après avoir démis Emmerson Mnangagwa de ses fonctions de vice-président, sur l'insistance de son ambitieuse épouse Grace Mugabe.

Au lendemain de l'attentat de Bulawayo, les experts privilégiaient la piste d'un règlement de comptes interne au parti au pouvoir.

"Cela ressemble beaucoup à une crise interne à la Zanu-PF", a déclaré à l'AFP Gideon Chitanga, du centre de réflexion Political Economy Southern Africa, "la bataille politique pour le contrôle du parti s'annonce longue et difficile".

D'autres pointent aussi du doigt les vieilles rancœurs, jamais éteintes, nées de la terrible répression ordonnée au début des années 1980 par Robert Mugabe contre son frère d'armes devenu rival, Joshua Nkomo. Ces massacres, pilotés par son ministre de la Sécurité d'alors, Emmerson Mnangagwa, ont causé la mort d'environ 20 000 civils, pour la plupart de l'ethnie Ndebele du sud du pays.

"Rien m'empêchera la tenue des élections"

Dès samedi, le chef de l'État a appelé la population du pays au calme et promis que l'attentat ne perturberait ni sa campagne, ni sa détermination à réformer le pays, sorti économiquement exsangue du règne sans partage de Robert Mugabe.

"Nous nous sommes rassemblés en novembre autour d'un rêve, celui d'un Zimbabwe libre, démocratique et prospère", a t-il rappelé. "Certains se sentent menacés par notre politique […] je vous assure qu'il ne prévaudront".

"Que les choses soient très claires, rien m'empêchera la tenue des élections au Zimbawe, rien du tout", a insisté dimanche Constantino Chiwenga, lors d'une réunion électorale qui se tenait à Chitungwiza, dans la grande banlieue de la capitale Harare. "La police traquera les criminels et les défèrera à la justice", a t-il également affirmé.

Malgré les assurances du gouvernement, le ton de la campagne va forcément changer après les événements de Bulawayo, assurent de nombreux observateurs.

"La principale incertitude est de savoir si la réaction du pouvoir à l'attaque inclura une répression sur les voix dissonantes ou ses adversaires politiques au nom de la sécurité", a déclaré à l'AFP Hasnain Malik, du centre d'analyses Exotix Capital.

Sauf énorme surprise, Emmerson Mnangagwa est assuré de remporter la présidentielle face à son rival du MDC, orphelin de son chef historique, Morgan Tsvangirai, décédé en février.

Avec AFP