La droite allemande a imposé, lundi, à la chancelière Angela Merkel un ultimatum de deux semaines pour une solution européenne au défi migratoire, faute de quoi le pays fermera ses frontières au risque de provoquer une crise nationale et en Europe.
Merkel - CSU : le match continue. Au terme d'un premier ultimatum, l'aile droite de la coalition gouvernementale d'Angela Merkel a donné, lundi 18 juin, deux semaines à la chancelière allemande afin de trouver une solution européenne au défi migratoire.
Sans cela, la CSU du ministre de l'Intérieur Horst Seehofer prévoit, sauf accord européen au sommet des 28 et 29 juin, de refouler "début juillet" aux frontières tous les demandeurs d'asile ayant été enregistrés dans un autre pays de l'UE, le plus souvent l'Italie ou la Grèce, soit la quasi-totalité d'entre eux.
Acculée, la chancelière demandait un tel délai depuis plusieurs jours tout en s'opposant à une telle approche unilatérale pour ne pas provoquer un effet domino en Europe.
L'Union chrétienne-sociale CSU, qui se prépare à de difficiles élections régionales en Bavière en octobre, exprime son impatience sur la question migratoire. Elle accuse la chancelière et son parti démocrate-chrétien CDU, avec lequel elle est pourtant alliée depuis 1949, de laxisme. L'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016 a créé une onde de choc politique dans le pays qui ne faiblit pas.
La CSU, la frange la plus droitière du gouvernement de coalition, veut durcir la politique migratoire allemande, en vue notamment des élections régionales bavaroises d'octobre où elle craint une percée du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Lors d'une conférence de presse après l'annonce du compromis avec la CSU, Angela Merkel a toutefois mis en garde contre un "effet domino" à travers l'Europe si l'Allemagne refoulait de manière injustifiée des migrants à ses frontières.
Elle a souligné la nécessité pour son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), et pour la CSU d'agir ensemble pour tenter de parvenir à un accord lors du sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles.
Solidarité européenne
La chancelière centriste refuse de céder à la CSU. Elle redoute qu'un tel cavalier seul ne crée le chaos et n'obère toute chance d'obtenir un solution commune en Europe, au moment où l'UE discute d'un système d'asile partagé. "Il s'agit d'un défi européen qui nécessite une réponse européenne", a-t-elle dit ce week-end, prévenant que la "cohésion de l'Europe" était en jeu.
La semaine qui s'annonce donc décisive pour l'avenir politique de la chancelière. Et la partie compliquée, car ce qu'exige son aile droite est précisément ce dont ne veut pas l'Italie, qui, en tant que pays d'arrivée des migrants, réclame plus de solidarité européenne.
Les péripéties de 630 migrants secourus en mer et arrivés dimanche en Espagne, épilogue d'une semaine d'errance en Méditerranée, a illustré des profondes fractures au sein de l'UE sur la question, et sera au centre du prochain Conseil européen, les 28 et 29 juin.
Angela Merkel reçoit justement lundi soir son homologue italien Giuseppe Conte, dont le pays refuse désormais l'accès à ses ports aux navires d'ONG transportant des migrants. Puis le lendemain, elle s'entretiendra avec le président français Emmanuel Macron, dans un contexte européen explosif sur les migrants, illustré par les tensions autour du navire Aquarius.
Une réunion spéciale des principaux dirigeants européens concernés n'est du reste pas exclue avant même le sommet de l'UE de la fin du mois.
Cote de popularité en chute
Angela Merkel est d'autant plus sous pression que sa cote de popularité en Allemagne chute, tandis que l'extrême droite progresse dans les sondages.
Le mécontentement croissant de l'opinion est exacerbé par des faits divers impliquant des migrants et ayant eu un large écho dans l'opinion, en particulier le viol et l'assassinat récents d'une adolescente par un jeune demandeur d'asile irakien arrivé en 2015.
Par ailleurs, lundi s'ouvre le procès d'un jeune réfugié afghan accusé d'avoir mortellement poignardé son ancienne petite amie de 15 ans dans un supermarché.
Avec AFP et Reuters