
Le candidat de droite Ivan Duque a remporté dimanche l'élection présidentielle colombienne face à son rival de gauche, Gustavo Petro. Une victoire qui suscite inquiétude et interrogations sur l'avenir de l'accord de paix avec l'ex-guérilla Farc.
Le nouveau président de la Colombie, Ivan Duque, champion de la droite dure élu dimanche 17 juin, a annoncé dans la foulée de sa victoire que son gouvernement effectuera des "corrections" à l'accord de paix historique signé en 2016 avec l'ex-guérilla des Farc.
Voulant "tourner les pages de la corruption, de la politique politicienne, du clientélisme", il entend notamment envoyer en prison les chefs du groupe armé coupables de crimes graves et leur barrer l'accès au Congrès.
"Cette paix dont nous avons rêvée, qui demande des rectifications, aura des corrections pour que les victimes soient au centre du processus, pour garantir vérité, justice et réparation", a déclaré le dauphin de l'ex-président Alvaro Uribe, farouche opposant au pacte qui a permis le désarmement de la rébellion et sa reconversion en parti politique.
Le parti Farc a immédiatement appelé le nouveau dirigeant au "bon sens". "Ce que le pays demande, c'est une paix intégrale, qui nous mène vers la réconciliation attendue (...) Contourner cet objectif ne peut être un programme de gouvernement", a indiqué la Force alternative révolutionnaire commune (Farc), en demandant à le rencontrer.
Plus tôt, le chef de la Farc, Rodrigo Londono, s'était fécilité du bon déroulement de ce scrutin : la Colombie a "vécu les élections les plus tranquilles des dernières décennies, le processus de paix porte ses fruits (...) Respectons la décision de la majorité et félicitons le nouveau président".
Fin de 52 ans d'affrontements
"L'une des grandes inconnues va être ce qui va se passer avec le processus de paix", a déclaré à l'AFP l'analyste Yann Basset, de l'Université du Rosaire, à Bogota.
Le pacte signé en 2016 avec l'ex-guérilla, devenue parti politque, a clos plus de 52 ans d'affrontements. Mais la Colombie peine à émerger du conflit.
Elle reste confrontée à une corruption et des inégalités criantes, notamment en matière d'éducation et santé, ainsi qu'à la violence de groupes armés se disputant le narco-trafic dans ce pays, premier producteur mondial de cocaïne.
Novice en politique avec un seul mandat comme sénateur, l'avocat et économiste Ivan Duque se défend d'être la "marionnette" de l'ex-président Uribe. Il est soutenu par les conservateurs, les partis chrétiens, les évangéliques et l'ultra-droite. Il succèdera le 7 juillet à Juan Manuel Santos, qui avait obtenu le Prix Nobel de la paix pour se rapprochement avec les Farc.
Avec AFP