
Après plusieurs jours de vives tensions entre Paris et Rome, le président français reçoit vendredi 15 juin le président du Conseil italien pour un déjeuner à l'Élysée. La question migratoire fera office de plat principal pour cette rencontre.
Le déjeuner permettra-t-il d'enterrer pour de bon la hache de guerre ? Le président français Emmanuel Macron reçoit le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, vendredi 15 juin, pour tenter de clore une semaine de fortes tensions entre Paris et Rome provoquées par la crise migratoire qui frappe l'Europe en général et l'Italie en particulier.
Ces derniers jours ont été ponctués d'éclats de voix entre les deux pays, traditionnels alliés et membres fondateurs de l'Union européenne, à cause de l'errance de 'l'Aquarius', navire chargé de plus de 629 migrants clandestins que l'Italie a refusé de laisser accoster.
Emmanuel Macron avait mis le feu aux poudres mardi en dénonçant "la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" fruit d'une alliance entre une formation populiste et une formation d’extrême droite, récemment portée au pouvoir par les électeurs.
Souffleté, le gouvernement italien avait agité la menace d'une absence de Giuseppe Conte à la rencontre de Paris, deuxième sortie internationale du tout frais chef de gouvernement. Finalement, les deux hommes se sont parlés par téléphone dans la nuit de mercredi à jeudi, puis les deux exécutifs ont publié chacun de leur côté un communiqué identique confirmant la tenue de la réunion. Il était aussi dit qu’Emmanuel Macron déclarait n'avoir "tenu aucun propos visant à offenser l'Italie et le peuple italien", manière de jouer l'apaisement sans s'excuser, permettant à chacun de sauver la face.
Le dirigeant italien arrivera au Palais de l'Élysée vers 13h30 pour un déjeuner avant une conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron vers 14h45.
"Nous devons maintenant travailler à la réforme des règles de Dublin"
Malgré la volonté d'apaisement, la racine de la crise franco-italienne est profonde, du fait de la déferlante migratoire sur l'Europe. L'ambassadeur de France à Rome a ainsi été convoqué deux fois, en moins de deux mois, et toujours à cause de la situation migratoire. Une fois cette semaine après la sortie de Macron, et une fois le 30 mars après le contrôle d'un migrant par des douaniers français en territoire italien, jugé inadmissible par les autorités à Rome.
De plus en plus de pays se braquent face à l'inconséquence de la gestion européenne de cette crise, et particulièrement l'Italie, un des points d'entrée des migrants.
"Nous devons maintenant travailler à la réforme des règles de Dublin" qui imposent au pays européens ayant enregistré pour la première fois la demande d'asile d'un migrant de l'examiner jusqu'au bout, faisant peser sur les pays d'entrée du sud de l'Europe la majeure partie de la pression migratoire, a déclaré, jeudi à Rome, Giuseppe Conte.
D'autant que l'Europe est profondément divisée face à cette crise, certains pays refusant toute idée de quotas obligatoires de migrants, d'autres voulant s'organiser pour s'attaquer frontalement au problème, et tous ou presque faisant face à une montée de l'hostilité des électeurs face aux arrivées massives et à la cacophonie européenne.
Les autres sujets relégués au second plan
Les deux dirigeants pourraient aussi évoquer la situation à la frontière, à Vintimille, où se massent les migrants voulant gagner la France, et que les autorités hexagonales repoussent vers l'Italie.
La crise migratoire est tellement prégnante qu'elle va sans doute reléguer au second plan les autres sujets prévus lors de cette rencontre : les relations bilatérales prévues dans le traité du Quirinal, et les projets de réformes de la zone euro qui seront abordés lors du Conseil européen des 28 et 29 juin.
Pendant ce temps, 'l'Aquarius' continue sa traversée vers les côtes de l'Espagne, où le gouvernement socialiste estime que son "coup d'éclat" doit servir à "bouger" les autres pays européens, selon le ministre des Affaires étrangères Josep Borrell.
Mardi soir, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s'est entretenu avec son homologue espagnol, proposant à l'Espagne d'accueillir en France une partie des migrants "répondant aux critères du droit d'asile".
Avec AFP