
Le gouvernement a nommé Francis Latarche médiateur du conflit qui oppose les salariés à la direction de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, fermée depuis le 5 août à la suite d'un incident entre un cadre et des employés de l'entreprise.
Le ministre français de l’Industrie, Christian Estrosi, a nommé jeudi Francis Latarche médiateur du conflit qui oppose les salariés à la direction de l'usine de l’équipementier automobile Molex de Villemur-sur-Tarn depuis plusieurs mois. Francis Latarche a été directeur départemental du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle de la Haute-Garonne d'avril 2005 à juillet 2007, après avoir exercé ces mêmes fonctions dans les Pyrénées-Atlantiques.
Les salariés de Molex contestent le bien-fondé économique de la fermeture de l’usine et du plan social annoncé par leur direction fin avril. Selon eux, la décision n’est pas motivée par la crise économique mais était prévue de longue date, sur la base de motifs purement financiers. Le 20 mai dernier, le tribunal de grande instance de Toulouse avait estimé que la société n’avait pas fourni au comité d'entreprise "des informations loyales et complètes" et avait ordonné la "suspension de la mise en œuvre du projet de restructuration".
"Renouer le dialogue social"
Dans un tel contexte, la tâche de Francis Latarche s’annonce ardue. Celui-ci a pour objectif de "renouer un dialogue social constructif entre la direction et les organisations syndicales, en vue d’élaborer des solutions positives" - mission apparemment impossible dans le climat d’extrême tension qui entoure le conflit.
Le 5 août dernier encore, la direction de l’usine Molex a en effet décidé de fermer le site de Villemur-sur-Tarn, à la suite d'une altercation entre un dirigeant de l'entreprise et certains de ses salariés. Bien que le tribunal de grande instance de Toulouse ait jugé illégale cette fermeture, la direction américaine du groupe, déterminée à ne pas voir se répéter l’épisode d'avril dernier - deux cadres de l'entreprise avaient été séquestrés dans leurs bureaux par des ouvriers furieux - après l'annonce d'un plan social -, a décidé de ne pas rouvrir le site "jusqu'à ce que la sécurité des biens et des personnes soit assurée, en raison des continuelles menaces de violences proférées par les syndicats".
"Optimisme prudent"
Jeudi, Christian Estrosi a toutefois reçu l’assurance de la direction américaine de Molex que les représentants du personnel pourront désormais pénétrer librement sur le site. Un porte-parole du groupe a, par ailleurs, fondé l'espoir que la nomination d’un médiateur permettra un retour à des négociations "plus calmes" avec les salariés de l’usine.
Du côté des employés de Molex, la nomination de Francis Latarche a été accueillie par un "optimisme prudent", explique à l’AFP Thierry Bonhoure, délégué du personnel du syndicat Force ouvrière (FO). "Offrir à des ouvriers les moyens de renouer le dialogue social est toujours une bonne nouvelle, à condition bien sûr que ce dialogue permette un maintien, au moins en partie, de notre outil de travail en France", renchérit Guy Pavan, délégué CGT, dans une déclaration faite à Reuters.
M. Bonhoure affirme cependant craindre que le médiateur "ne puisse trouver une issue sur le maintien de l'emploi avec la venue d'un éventuel repreneur", car, selon lui, "Molex semble rester ferme sur sa décision". Dans un communiqué du 4 août publié à la suite de négociations avortées avec un éventuel repreneur, la direction de Molex indiquait qu'elle "n’envisage[ait] pas de céder son activité, le groupe continuant d’être présent sur le marché automobile européen".
Les syndicats de Molex fondent leurs derniers espoirs sur la médiation de Francis Latarche, ainsi que sur la rencontre entre Christian Estrosi et le président du groupe Molex, Martin Slark, le 25 août, à Bercy.
La fermeture définitive de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn, qui compte 283 emplois, est prévue pour fin octobre.