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À défaut de nouveaux produits, Apple a annoncé une série de nouveautés censées mieux protéger les données personnelles des internautes et limiter la dépendance à la technologie. Un positionnement dans l’air du temps.
Apple, l’entreprise qui vous veut du bien… à défaut de proposer de nouveaux produits. Alors qu'en 2017 la marque à la pomme a dévoilé un nouvel iPad et un nouvel iMac, cette année, le géant américain a tout misé sur l’image, lors de sa grand-messe, lundi 4 juin. En espérant que cela lui permettra de vendre davantage.
Dans un contexte de levée de boucliers contre la manière dont Facebook et d’autres exploitent les données personnelles de leurs utilisateurs, Apple s’est présenté comme le bon élève de la classe Tech. Dorénavant, le géant des réseaux sociaux ne pourra plus suivre automatiquement les pérégrinations des internautes sur Mac, iPhone ou iPad. “Nous y mettons un terme”, a déclaré avec un grand sourire Craig Federighi, vice-président de l’ingénierie logicielle chez Apple.
Tim Cook vs. Mark Zuckerberg
Concrètement, lorsqu’un utilisateur d’un appareil Apple se rendra sur l’Internet, il sera accueilli par un message d’avertissement pour lui demander s’il désire ou non que Facebook – ou un autre service – installe des cookies. Ces petits programmes servent à pister les habitudes des internautes.
Cette nouveauté ne va pas arranger les relations entre Apple et Facebook. Tim Cook, PDG de la marque à la pomme, a fait de Mark Zuckerberg, le dirigeant du réseau social, sa tête de turc favorite. “Apple est convaincu que la vie privée est un droit humain fondamental, c’est pourquoi nos produits sont conçus pour minimiser la collecte des données”, a-t-il déclaré en avril 2018. Peu avant, il avait assuré que “si nos utilisateurs étaient le produit, nous gagnerions beaucoup plus d’argent, mais nous avons décidé de ne pas le faire”. Une référence directe aux fausses promesses de gratuité de services comme Facebook qui, au final, transforment l’utilisateur en vache à pubs.
Mark Zuckerberg n’avait pas apprécié ces critiques et s’était, en réponse, emporté contre le positionnement élitiste d’Apple. “Si vous voulez offrir un service qui ne soit pas uniquement accessible aux riches, il faut alors proposer quelque chose que tout le monde peut utiliser, et le modèle publicitaire est le seul qui fait sens”, avait répliqué le PDG de Facebook.
“Bien-être digital” qui peut rapporter gros
Mais Apple ne s’est pas contenté de remuer le couteau dans la plaie de son rival du moment. Il a aussi tenté de se hisser au-dessus de la mêlée de tous les sites et services qui se battent pour capter l’attention des internautes le plus longtemps possible (dont Facebook, bien sûr). Le géant californien a annoncé plusieurs outils pour suivre et limiter la dépendance à l’écran. Les mordus de la pomme recevront des résumés du temps passé sur leur appareil et dans leurs applications et pourront établir des limites à ne pas dépasser. La fonction “ne pas déranger” a aussi reçu des améliorations et permettra de ne plus afficher de notification pendant la nuit, pour réduire la tentation de jeter un dernier coup d’œil à son iPhone avant de s’endormir.
L’accent mis sur le “bien-être digital” est dans l’air du temps. Des centres de “désintoxication” à la technologie existent, notamment en Asie, une région à la pointe de ces questions. D’autres géants de l’Internet, comme Google, ont lancé des initiatives pour lutter contre cette dépendance, mais aucun n’a mis cette question autant en avant qu’Apple.
Pour l’inventeur des iPhone, ce positionnement de chevalier blanc de la vie privée et du “bien-être digital” ne lui coûte pas cher et peut rapporter gros. Il est avant tout un vendeur d’appareils et ses finances dépendent moins que ces concurrents du temps passé devant un écran. Apple peut ainsi répondre à de vraies inquiétudes, tout en espérant que cette différence affichée suffira à convaincre d’éventuels futurs clients.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. L’exploitation des données personnelles rapporte tout de même (indirectement) des milliards à Apple. Ainsi, Google paie très cher le privilège d’être le moteur de recherche par défaut sur l’iPhone. Selon les analystes, la marque à la pomme a reçu jusqu’à trois milliards de dollars pour que Google puisse savoir précisément ce que les utilisateurs d’iPhone recherchent sur l’Internet.