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Un jihadiste belge qui avait menacé, dans des vidéos, la Belgique et la France a été condamné à mort mardi en Irak pour appartenance au groupe État islamique (EI), une peine rarement prononcée contre des ressortissants d'Europe de l'Ouest.

Le jihadiste belge Tarik Jadaoun a été condamné à la mort par pendaison, mardi 22 mai en Irak, pour appartenance à l'organisation jihadiste État islamique (EI).

D'origine marocaine et né en 1988, il avait rejoint l'EI sous le nom de guerre d'Abou Hamza al-Belgiki. Il avait appelé dans des vidéos à frapper l'Europe et avait été surnommé le "nouvel Abaaoud", en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015 en France.

Il a désormais 30 jours pour faire appel et, passé ce délai, la peine de mort pourra être appliquée.

Une audience de moins de 10 minutes

Mardi matin, le jeune homme a été amené dans le box de bois grillagé des accusés vêtu de l'uniforme beige des détenus, le crâne rasé et une imposante moustache noire lui barrant le visage, a constaté un journaliste de l'AFP. Il ne s'est pas défendu.

Le juge lui a d'abord lu la liste des chefs d'accusation, notamment son rôle de combattant au sein de l'EI et son entrée illégale sur le territoire irakien, avant de lui demander s'il souhaitait ajouter quelque chose. "Non", a seulement rétorqué Tarik Jadaoun. Le juge a alors indiqué qu'il prononçait "la pendaison jusqu'à ce que mort s'ensuive conformément à l'article 4 de la loi antiterroriste".

L'Irak, quatrième pays au monde en terme d'exécutions selon Amnesty International, a déjà exécuté des ressortissants étrangers ou binationaux pour des actes commis au sein d'organisations extrémistes comme Al-Qaïda. Mais, à ce jour, aucun ressortissant d'un pays occidental condamné à mort pour appartenance à l'EI n'a été exécuté.

Pour l'accusation de violation des frontières du pays, Tarik Jadaoun a été condamné à trois ans de prison et plus de 2 000 euros d'amende.

En tout, l'audience a duré moins de dix minutes, selon le journaliste de l'AFP.

"Non coupable"

Lors de l'ouverture de son procès, le 10 mai, Tarik Jadaoun s'était vu attribuer un avocat commis d'office. S'exprimant en arabe, il avait toutefois assuré lui-même sa défense et plaidé non coupable des chefs d'inculpation : "appartenance à l'organisation Daech" (autre nom de l'EI en arabe), et "attaques" menées avant son arrestation le 23 août 2017 à Mossoul (nord) par les troupes irakiennes, soit plus d'un mois après la reprise de la "capitale" irakienne du groupe ultraradical.

Il avait reconnu être entré en Irak en juin 2015 depuis la Turquie et avoir passé une semaine à Raqqa, l'autre "capitale" de l'EI, en Syrie voisine.

"Je n'étais pas combattant, je dirigeais une section d'infirmiers de l'EI, je soignais tout le monde. J'ai travaillé à l'hôpital al-Joumhouriya de Mossoul et dans des hôpitaux ambulants à Makhoul et Beïji", avait-il assuré, se disant "désolé".

"Je me suis fourvoyé et j'en appelle à votre bienveillance", avait-il ajouté. "Je n'avais pas le choix", avait-il encore dit, notamment au sujet des vidéos de menaces. "Un des plus hauts dirigeants de l'EI m'a demandé de faire ces vidéos." Une nouvelle audience avait été fixée au 22 mai, la justice irakienne faisant valoir l'absence de représentant diplomatique auprès de l'accusé.

Il y a plusieurs mois, la justice irakienne avait annoncé que le prévenu avait reconnu lors de ses interrogatoires avoir formé "les 'lionceaux du califat', une soixantaine d'enfants de 8 à 13 ans, à l'entraînement sportif et au maniement des armes". Ces faits n'ont toutefois jamais été évoqués lors des deux audiences.

Plus de 300 condamnations à mort

La condamnation vient s'ajouter à celle de plus de 300 personnes (dont une centaine d'étrangers) ayant écopé de la peine capitale en Irak pour avoir rejoint les rangs du groupe terroriste.

Un nombre comparable a été condamné à la prison à perpétuité, selon des sources judiciaires. La plupart de ces condamnés sont toutefois Turcs ou originaires des anciennes républiques d'Union soviétique. Une Allemande et une Française ont été récemment condamnées à la perpétuité.

Des centaines d'Irakiens comparaissent également quasi quotidiennement.

Avec AFP