logo

Près de 24,5 millions d'Irakiens sont appelés à élire samedi un nouveau Parlement. Les 329 députés seront chargés de superviser la reconstruction d'un pays en lambeaux après trois ans de guerre contre les jihadistes du groupe État islamique.

Près de 900 000 policiers et militaires en alerte dans toute l'Irak ; les frontières et l'espace aérien restent fermés. Ces élections législatives se déroulent dans un climat de tension régionale aiguë, le pays étant le point de rencontre de deux ennemis : l'Iran, qui y a une forte influence à travers les partis chiites qui dominent la vie politique irakienne, et les États-Unis, qui ont joué un rôle militaire crucial dans la victoire sur l'organisation l'État islamique (EI), proclamée en décembre. "Les autorités mettent un point d'orgue à éviter la moindre attaque", affirme Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24 à Bagdad.

Les 8 959 bureaux de vote ont ouvert à 7 heures et fermeront à 18 heures. Le scrutin doit départager 87 listes dans les 18 gouvernorats du pays. Les 329 sièges de députés seront attribués proportionnellement au nombre de voix et les candidats élus en fonction de leur position sur les listes. À noter la configuration inédite : pour la première fois, les partis chiites ne se présentent pas sur une liste commune, en raison d'une lutte féroce pour le pouvoir entre les hommes forts de cette communauté, majoritaire en Irak.

La parcellisation des chiites ne devrait toutefois pas changer l'équilibre des forces entre communautés, dans un système calibré pour qu'aucune formation ne soit en position dominante afin d'éviter le retour à la dictature.

Au moins cinq listes chiites sont en compétition, notamment celles du Premier ministre Haidar al-Abadi, de son prédécesseur Nouri al-Maliki – qui n'a pas digéré d'avoir été écarté en 2014 – et de Hadi al-Ameri, qui regroupe les anciens du Hachd al-Chaabi, ces forces supplétives qui se sont révélées cruciales pour chasser l'EI.

Les Irakiens se rendent aux urnes pour la première fois depuis la défaite de l'EI

Figurent aussi les listes des représentants de deux lignées de hauts dignitaires religieux : celles d'Ammar al-Hakim et celle du leader populiste chiite Moqtada Sadr, qui a conclu une alliance inédite avec les communistes.

Les Kurdes en position de faiblesse

Autre nouveauté : les Kurdes risquent de perdre au moins une dizaine de sièges sur les 62 de la législature précédente et de perdre leur statut de faiseurs de rois.
Enfin la minorité sunnite, qui a dominé le pays jusqu'à la chute de Saddam Hussein en 2003, devrait rester marginalisée.

Objectif de ce scrutin : la reconstruction du pays. Si le pays a obtenu en février au Koweït 30 milliards de dollars d'engagements de la part de ses alliés pour remettre sur pied ses infrastructures déficientes, cet argent risque de partir en fumée. L'Irak est en effet rongé par une effroyable corruption et la population accuse la classe politique de confondre ses poches avec celles de l'État.

Les premiers résultats devraient être connus au plus tôt mardi.

Avec AFP