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Le Tour d'Italie démarre pour la première fois hors d'Europe, à Jérusalem. Ce départ en Israël a été choisi pour honorer la mémoire du champion Gino Bartali, reconnu Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des juifs de la déportation.

C’est un départ inhabituel qui va se dérouler vendredi 4 mai pour le Tour d’Italie. Pour la première fois de son histoire, le Giro va s’élancer hors d’Europe. Le départ est donné à Jérusalem pour une première étape sous forme de contre-la-montre.

L’organisation de la course en Israël a été décidée l’an dernier, pour mettre à l’honneur l’histoire de Gino Bartali, le mythique champion italien, trois fois vainqueur du Giro et deux fois du Tour de France entre 1936 et 1948. Cette légende du cyclisme, décédé en 2000, s’est aussi illustré en dehors de son sport. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a utilisé sa notoriété, risquant sa vie pour sauver des juifs de la déportation.

"Avec l'Occupation de l'Italie par l'Allemagne, en septembre 1943, Bartali entre dans la Résistance. Grâce à sa couverture idéale de coureur cycliste, il officie comme passeur, et va jouer un rôle important dans le sauvetage des juifs", peut-on lire sur le site de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah de Jérusalem. "Bartali, connu pour les longues distances d'entraînement qu'il parcourt à vélo, va ainsi pouvoir faire passer des faux documents dans la clandestinité".

À la Libération, le champion n’a jamais parlé de ses faits de résistant. "Il avait été guidé par sa conscience, il ne tenait donc pas à ce que son activité soit consignée", précise Yad Vashem. Ce n’est qu’en 2013 qu’il a finalement obtenu le titre de "Juste parmi les nations", un titre décerné aux personnes ayant aidé des juifs au péril de leur vie. Il a aussi été fait, mercredi 2   mai, citoyen d'honneur à titre posthume de la ville de Jérusalem. Dans un bref discours, sa petite-fille Gioia Bartali, très émue, a salué la mémoire de son grand-père, un "homme de paix qui a risqué sa vie pour sauver non pas seulement des vies juives mais des vies humaines".

Le 2 mai 2018, #GinoBartali, champion cycliste, Juste parmi les Nations, a reçu la citoyenneté israélienne à titre commémoratif. Pour lui rendre hommage, en amont du #Giro, des cyclistes professionnels ont parcouru à vélo le campus de Yad Vashem.
Récit : https://t.co/qftGt6JDmW pic.twitter.com/ECSEGGWHI4

  YadVashemFr (@YadVashemFr) 3 mai 2018

Un Giro qui respecte le Sabbat

En raison de ce départ inédit en Israël, le Tour d’Italie doit s’adapter. Le gouvernement israélien a affirmé que le Giro va respecter le Sabbat, le jour de repos hebdomadaire pour la communauté juive.

Pour les juifs ultra-orthodoxes, il est en effet strictement interdit de circuler à vélo durant le Sabbat, qui débute chaque vendredi soir pour se terminer samedi à l'aube. Le début du contre-la-montre de l'étape initiale du Giro est ainsi  prévu juste avant 14   h locales (13   h, heure française).

Les officiels, qui espèrent des retombées touristiques pour Jérusalem, ont aussi voulu se montrer rassurant en insistant sur le fait que le peloton n'avait pas à craindre des attaques militantes potentielles. "Je pense que vous pouvez vraiment sentir et savoir que vous êtes dans un pays sûr. Israël est la nation la plus démocratique et la plus sûre pour accueillir un tel événement", a assuré Daniel Benaim, responsable local de l’organisation du Giro en soulignant la "beauté du sport qui permet de dépasser les barrières religieuses et politiques".

Enfin, Mauro Vegni, le directeur du Giro, a rassuré qu'il n'y aurait aucune censure sur les manifestations pro-palestiniennes de la part des coureurs."Nous savions, en venant en Israël, qu'il y aurait des points de vue différents des nôtres. Nous n'avons ni le désir ni la force de faire de la politique. Ce n'est pas notre but. Notre seul espoir est de nous focaliser sur le seul côté sportif. Alors si quelqu'un veut protester, il le fera...", a affirmé Mauro Vegni.

Après Jérusalem, le Giro passera par Haïfa, Tel Aviv, Be'er Sheva et Eilat lors des deuxième et troisième étapes.

Avec AFP