logo

Face à un public conquis, Emmanuel Macron salue la communauté française aux États-Unis

correspondante à Washington – Emmanuel Macron s'est adressé aux Français de Washington, mardi après-midi, en marge de sa visite d'État. Face à un public déjà convaincu, il a insisté sur l'amitié franco-américaine tout en mettant en avant les valeurs de la France. Reportage.

Après avoir discuté des sujets qui fâchent avec Donald Trump, Emmanuel Macron, en visite d'État à Washington depuis lundi 23 avril, s'est rendu mardi après-midi à la rencontre des Français. Face à un public conquis, il a donné un discours célébrant, en anglais, la "very special relationship" (relation très spéciale) entre les États-Unis et la France. Dans l'enceinte de l'ambassade de France à Washington, le président français a notamment rappelé les valeurs communes entre les deux pays, comme l'attachement à la démocratie, aux libertés individuelles, à la science ou encore à la culture. "Cette Histoire est plus forte que nous", a-t-il assuré.

Dans le public, Tanguy, 34 ans, vit aux États-Unis depuis huit ans. Marié à une Américaine, il dit avoir "bien aimé" que le président fasse la "promotion du français". Emmanuel Macron a notamment annoncé des budgets constants pour le réseau d'écoles et de lycées français. Tanguy et sa femme attendent un enfant, et lui n'imagine pas qu'il grandisse sans parler parfaitement sa langue maternelle. "Lors du discours, j'étais près d'une maîtresse de l'école Rochambeau [l'école française de Washington, NDLR], décrit-il. Elle était triste car les Français ne mettent plus leurs enfants chez eux à cause des prix trop élevés et de la compétition internationale." C'est le cas de Leah, 44 ans, qui ne voit pas l'intérêt de payer une fortune pour une éducation où "peu d'élèves intègrent les universités de la Ivy League (les plus prestigieuses du pays)". Le président François Hollande avait mis fin à la gratuité des lycées français pour les expatriés en 2012.

Lors de son discours, Emmanuel Macron a pris deux engagements auprès des Français de l'étranger. Il a promis de "continuer à tout faire pour que le pays soit plus fort et plus juste", rappelant les réformes "importantes" menées depuis le début de son mandat sur le plan de la politique intérieure. Leah, qui a voté pour Emmanuel Macron en mai dernier, comme 92 % des habitants de Washington, acquiesce et va plus loin : "Ce n'est même pas la France qu'il faut réformer, ce sont les Français", avance-t-elle, estimant que le pays doit être modernisé. À l'inverse, Vladimir, 37 ans, n'est pas d'accord avec la majorité des locaux : "En fait, on est venus pour un meeting de campagne. Macron nous ressort son discours habituel. En l'écoutant, on n'a pas l'impression qu'il y a des grèves en France et que la moitié du pays en a ras-le-bol de la casse du service public".

"Le nationalisme, c'est la guerre"

Autre engagement du président auprès des expatriés : "porter toujours une voix française", avec pour objectif de "construire des ponts" et d'apporter "la stabilité et la paix". S'il est d'accord avec son homologue américain pour "faire l'Amérique grande et la France grande", il a estimé que cela ne pouvait se faire que dans la défense de l'universalisme et du multilatéralisme. "Le nationalisme, c'est la guerre", a-t-il tenu à rappeler. Il a toutefois défendu une position réaliste de la France face aux États-Unis : "Ne céder à aucun suivisme, mais ne pas s'enfermer dans des positions retranchées".

Aurélien, un chercheur de 37 ans, apprécie cette stratégie : "Il est réaliste mais pas naïf", estime-t-il. "Il perçoit la complexité des choses", ajoute-t-il. S'il avoue avoir été déçu, au début, par les démonstrations d'amitié de Macron envers Trump, il dit avoir changé d'avis après ce discours : "C'est un mal pour un bien." Tanguy est d'accord : "La France est dans son rôle : un ami, mais pas un ami complaisant. Il faut avancer en gardant nos valeurs." Lui qui travaille dans le domaine du climat pense ainsi que la stratégie du président français finira petit à petit par convaincre Donald Trump de reculer sur cette question. Vladimir, de son côté, n'est pas d'accord : "Pour l'environnement, il ne parle plus de l'urgence à agir. Il répète 'Make our planet great again' pour se moquer de Trump, mais il ne dit rien de concret".

Terminant son discours en empruntant la formule de l'ex-président américain John Fitzgerald Kennedy, à qui il a parfois été comparé en partie pour sa jeunesse, Emmanuel Macron, attendu pour un prestigieux dîner d'État à la Maison Blanche, a conclu : "Demandez-vous chaque jour ce que vous pouvez faire pour votre pays. (...) J'ai besoin de vous."