
Donald Trump et Emmanuel Macron ont évoqué mardi la possibilité d'aboutir à un nouvel accord avec l'Iran, tout en constatant leur profond désaccord sur le texte existant. Ce nouvel "accord élargi" avec Téhéran semble aujourd'hui bien incertain.
Le "nouvel accord" avec l'Iran que le président français Emmanuel Macron a proposé mardi 24 avril à son homologue américain Donald Trump, est destiné à aller plus loin que l'accord nucléaire existant, pour répondre aux critiques des États-Unis.
"Nous avons un désaccord sur le JCPOA", a d'emblée reconnu Emmanuel Macron en utilisant l'acronyme anglais de l'accord de Vienne, signé en juillet 2015 entre l'Iran et les grandes puissances (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) après des années de négociations, aux termes duquel Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu'en 2025.
"Il faut construire un accord sur l'Iran plus large"
Quelle que soit la décision de Donald Trump, qui doit dire le 12 mai s'il rompt cet accord qu'il juge insuffisant, le président français propose de baser les négociations d'un nouvel accord sur quatre questions :
- Maintenir l'interdiction d'enrichissement de l'uranium, première étape pour fabriquer l'arme atomique, comme prévu par l'accord de 2015. En cas de sortie des États-Unis de l'accord, l'idée est d'ouvrir des discussions sur la façon de continuer à contrôler l'activité nucléaire iranienne malgré tout.
- "S'assurer qu'il n'y ait pas d'activité nucléaire iranienne à long terme", et donc après 2025, date à laquelle des "sunset clauses" de l'accord existant prévoient que certaines restrictions techniques aux activités iraniennes tombent progressivement, ce qui permettrait à Téhéran de reprendre l'enrichissement.
- "Mettre fin aux activités balistiques de l'Iran dans la région", une allusion au programme de missiles de courte et moyenne portées que Téhéran développe depuis plusieurs années.
- "Générer les conditions d'une solution politique qui contiendrait l'Iran dans la région, au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban". Emmanuel Macron faisait là référence aux négociations de paix en Syrie, actuellement au point mort en raison notamment de l'opposition de Moscou, allié indéfectible du président syrien Bachar al-Assad, et de l'Iran, mais aussi à la guerre civile au Yémen, où Téhéran est accusé de fournir des missiles balistiques aux rebelles houthis. Au Liban, l'Iran soutien le Hezbollah que les États-Unis considèrent comme un groupe terroriste.
"On ne déchire pas un accord pour aller vers nulle part. Il faut construire un accord sur l'Iran plus large, pour la stabilité de la région", a conclu le président français.
Que décidera Trump le 12 mai ?
La France propose de discuter de ce nouvel accord avec ses alliés européens, mais aussi "bien sûr, avec la Russie et la Turquie". Ankara est également impliqué dans le conflit syrien, où elle s'inquiète de l'émergence d'une région contrôlée par les Kurdes avec le soutien de Washington. De son côté, Téhéran a averti samedi qu'en cas de rupture de l'accord, l'Iran reprendrait "vigoureusement" l'enrichissement d'uranium.
Donald Trump est resté évasif sur sa décision sur l'accord iranien, qu'il a menacé de "déchirer" pour imposer de nouvelles sanctions sur le régime iranien, mais il n'a pas semblé rejeter l'offre d'Emmanuel Macron. "Personne ne sait ce que je vais faire le 12" mai, a déclaré le président américain. "Je pense que nous aurons une super occasion de faire un bien plus gros accord, peut-être."
Dans l'éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l'accord dans une "version non-US", a expliqué le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson.
Avec AFP