
Adoptée dans une ambiance électrique, après des mois d'importantes manifestations d'opposants, la loi sur le mariage pour tous fête lundi ses cinq ans. Depuis, près de 40 000 couples homosexuels se sont dit "oui".
C'était il y a cinq ans. Le 23 avril 2013, l'Assemblée nationale votait la loi sur le mariage pour tous, portée par la ministre de la Justice d'alors, Christiane Taubira. Une loi "aussi importante que celle sur l'IVG ou l'abolition de la peine de mort", se félicite aujourd'hui Joël Deumier, président de SOS Homophobie.
Bon anniversaire à cette belle loi qui a fait progresser les droits pour toutes et tous. #5ansMariagePourTous pic.twitter.com/VGOzB9lN5e
Thomas D (@Thom__D) 22 avril 2018Mais son adoption s'était faite dans la douleur : pendant plusieurs mois, plus d'un million d'opposants, au total, avaient déferlé dans les rues menés entre autres par la Manif pour Tous, le Printemps français ou Civitas. "On ne s'attendait pas à avoir une opposition aussi importante", reconnaît auprès de l'AFP l'ancien député PS et rapporteur du texte, Erwann Binet.
Ce sont aujourd’hui les noces de bois #5ansMariagePourTous, un bois dont on fait les charpentes des plus beaux et des plus solides monuments de la République. https://t.co/iHX8x6gbW8 via @gouvernementfr
Erwann Binet (@erwannbinet) 22 avril 2018Depuis, près de 40 000 couples homosexuels se sont dit "oui". Environ 7 000 mariages entre personnes de même sexe sont célébrés chaque année, soit 3 % du total des unions, un chiffre stable depuis 2015 après un pic en 2014 (10 522).
Sous le hashtag #5ansMariagePourTous, beaucoup de couples partagent depuis plusieurs jours, sur Twitter, les photos de leur union.
Il y a 5 ans, la loi a évolué grâce à la Gauche et cela nous a permis de nous marier. Merci @DBertinotti @ChTaubira #5ansMariagePourTous pic.twitter.com/JsTsFrYMV0
Nicolas BARBET-VERVLIET (@nvervliet) 23 avril 2018"C'est entré dans les mœurs. On s'étonne de moins en moins d'un mariage entre deux hommes ou deux femmes", se félicite Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans).
Désormais, rares sont les personnalités politiques de premier plan à souhaiter son abrogation, à l'exception de Marine Le Pen. Même le patron du parti Les Républicains Laurent Wauquiez, participant assidu aux manifestations contre le texte, a déclaré en septembre ne plus souhaiter l'abroger. Ces choix politiques épousent les dynamiques de l'opinion.
Six Français sur dix défavorables à l'abrogation
En septembre 2016, 62 % des Français se disaient défavorables à l'abrogation de la loi, selon le dernier sondage réalisé sur la question par l'Ifop.
"Une partie de la population qui était opposée a fini par se rallier, soit par résignation, soit par légitimisme, une fois la loi votée", explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop.
Le mariage gay "n'est plus le sujet aujourd'hui, car il n'est plus en débat", convient la présidente de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère, qui continue pour sa part de souhaiter "son abrogation sans rétroactivité".
Plus de 210 agressions physiques homophobes en 2016
Son mouvement consacre désormais toute son énergie à s'opposer à l'ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Promise puis abandonnée par François Hollande, la mesure est actuellement débattue dans le cadre des États généraux de la bioéthique.
"On a l'impression que ces débats n'ont fait qu'alimenter à nouveau la haine contre les personnes LGBT", juge Clémence Zamora-Cruz, s'appuyant sur une série récente d'agressions homophobes. En février, deux couples homosexuels ont été agressés à Dieppe et Pontoise. En mars, un couple gay a été insulté dans un supermarché de Rueil-Malmaison, en région parisienne.
Selon le rapport 2017 de SOS Homophobie, 212 agressions physiques à caractère homophobe ont été recensées en 2016 en France, soit une hausse de 20 %. "Si le mariage gay est entré dans les moeurs, cela ne signifie pas qu'il n'y a plus d'homophobie en France et qu'il n'y a plus de combats à mener", conclut Joël Deumier.
Avec AFP
