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Abus sexuels au Chili : le pape François demande pardon pour "de graves erreurs" d'appréciation

Le pape François a demandé pardon, mercredi, après avoir pris connaissance des conclusions d'une enquête sur des abus sexuels commis par le clergé au Chili. Le souverain pontife avait dans un premier temps défendu un évêque incriminé.

Le pape François a reconnu, mercredi 11 avril, avoir commis "de graves erreurs" d'appréciation de la situation au Chili, après avoir lu les conclusions d'une enquête sur des abus sexuels commis par le clergé.

"En ce qui me concerne, je reconnais (...) que j'ai commis de graves erreurs dans l'évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d'un manque d'informations véridiques et équilibrées", écrit le pape dans une lettre aux 32 évêques chiliens, diffusée mercredi par le Saint-Siège.

Au cours d'un voyage au Chili du 15 au 18 janvier, le pape avait défendu avec force l'évêque chilien Juan Barros, soupçonné d'avoir tu les crimes d'un vieux prêtre pédophile, se déclarant persuadé de son innocence et demandant aux victimes présumées des preuves de culpabilité. Il avait ensuite présenté des excuses pour ses propos maladroits dans l'avion qui le ramenait à Rome, puis dépêché au Chili un enquêteur renommé du Vatican pour recueillir des témoignages de victimes présumées.

Le compte-rendu d’enquête transmis au pape comprend 2 300 pages et les témoignages de 64 personnes, recueillis à New York et à Santiago du Chili. En prenant connaissance de ce compte-rendu, portant sur "des abus de pouvoir" et "des abus sexuels sur mineurs" commis par des membres du clergé, le pape dit s'être senti "submergé par la douleur".

"Douleur et honte"

François évoque ainsi "beaucoup de vies crucifiées" dans les témoignages recueillis, qui lui ont inspiré "douleur et honte".

Il demande "pardon" à ceux qui se sont sentis offensés et dit espérer rencontrer "dans les prochaines semaines" des représentants des personnes interrogées.

Le pape argentin indique par ailleurs souhaiter convoquer les évêques chiliens prochainement à Rome pour discuter des conclusions de l'enquête. Le président de la conférence épiscopale du Chili, Mgr Santiago Silva, a indiqué que cette rencontre se tiendrait la troisième semaine de mai, en présence de la totalité des évêques du pays. L'objectif est de trouver des mesures à court, moyen et long terme pouvant "réparer dans la mesure du possible le scandale et rétablir la justice".

"Les difficultés présentes sont aussi une occasion de rétablir la confiance dans l'Église, une confiance brisée par nos erreurs et péchés", souligne le pape.

En janvier 2015, le pape François avait pris la décision de nommer Mgr Juan Barros, âgé aujourd'hui de 61 ans, à la tête du diocèse d'Osorno (sud), bien qu'il soit soupçonné d'avoir caché les actes pédophiles du père Fernando Karadima. Cet ancien formateur octogénaire de prêtres a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence. Des victimes de Fernando Karadima ont accusé Juan Barros d'avoir assisté à certains actes de pédophilie sans les dénoncer. L'omniprésence de Mgr Barros aux messes publiques célébrées par le pape dans trois villes différentes du Chili avait soulevé un tollé dans l'opinion publique du pays en janvier.

Avec AFP