
Neuralink, l'entreprise d'Elon Musk qui veut connecter le cerveau aux machines, semble mener des essais sur des animaux en laboratoire, selon des informations obtenues par Gizmodo.
On connaît bien Elon Musk pour ses investissements et ses réussites dans le domaine spatial avec SpaceX et son entreprise de voitures électriques Tesla. On le connaît moins, ou plutôt mal, sur l’intelligence artificielle.
À ce sujet, Musk s’est souvent illustré par quelques phrases chocs concernant ses inquiétudes pour le futur, notamment à propos des robots militaires. Il avait par exemple signé une lettre ouverte en 2015 avec Stephen Hawking et des dizaines d'autres chercheurs pour l’interdiction des "systèmes d’armes létales autonomes". Quelques mois plus tard, Elon Musk avait mis sur pied, avec l’homme d’affaires Sam Altman, l’organisation à but non lucratif OpenAI, qui cherche à réfléchir sur les évolutions de l’intelligence artificielle pour qu’elle "bénéficie au plus grand nombre".
Puis, à la fin du mois de mars 2017, le patron de SpaceX révélait sa nouvelle création : Neuralink, une entreprise qui veut connecter le cerveau humain aux machines.
Connexion cerveaux + machines : activée
Comme son nom l’indique, Neuralink a pour ambition de créer un lien neuronal entre le cerveau humain et l’ordinateur. La société avait été enregistrée dès juillet 2016, en Californie, comme une entreprise de recherches médicales.
Quels sont ses objectifs ? C’est là que le bât blesse. Le blogueur Tim Urban est le seul à avoir eu accès à des informations de première main sur Neuralink, quelques semaines après son lancement. Il rapporte que le projet a pour but de créer des "interfaces" entre l’humain et la machine, ce qui permettrait d’augmenter nos capacités de plusieurs manières : amélioration de nos performances intellectuelles, sauvegarde de la mémoire ou transmission de notre pensée sans utiliser la parole. Elon Musk avait même affirmé à Tim Urban que les premiers dispositifs de Neuralink seraient prêts d'ici quatre ans et qu'ils auraient un but médical. "Nous comptons apporter quelque chose qui aide [les patiens frappés de] certaines lésions cérébrales graves (accident vasculaire cérébral, cancer, maladie congénitale) d'ici environ quatre ans", avait-il détaillé, dans un extrait repris par Numerama.
It's finally here: the full story on Neuralink. I knew the future would be nuts but this is a whole other level. https://t.co/4I44hFJzFC pic.twitter.com/YVA6dLH8uY
— Tim Urban (@waitbutwhy) April 20, 2017
Tout ceci epose évidemment beaucoup de questions, notamment sur la mise en œuvre matérielle de ces interfaces. Quelles formes prendraient-elles ? Des puces, des liaisons filaires ? Un article, sur le site de vulgarisation scientifique The Conversation, avancait l'option d'électrodes de type nano-robots.
Des recherches sur les animaux en Californie
Mais finalement, nous n'en savons pas grand chose. Depuis l’année dernière, les informations sur Neuralink se sont faites rares. Le site de l’entreprise est pratiquement vide et Elon Musk, qui communique énormément sur les réseaux sociaux à propos de SpaceX, Tesla et The Boring Company, n’a partagé que trois tweets à propos de Neuralink.
En août, le Wall Street Journal affirmait, selon des documents obtenus auprès de l’autorité américaine chargée de réglementer et de contrôler les marchés financiers (SEC), que la société avait réalisé une levée de fonds de 27 millions de dollars. Ce à quoi l’entrepreneur avait répondu par la négative, affirmant que les documents avaient été mal interprétés et que Neuralink ne cherchait pas d’investisseurs. Une réponse floue. Cela signifie-t-il que l'argent a été investit par Musk lui-même ? Nous ne savons pas non plus.
Neuralink is not raising money
— Elon Musk (@elonmusk) 25 août 2017
Nous n'avons plus vraiment eu de nouvelles des activités de Neuralink jusqu'à la fin du mois de mars 2018, lorsque le site américain Gizmodo a publié une enquête sur les activités de l'entreprise. Gizmodo affirme, documents à l'appui, que Neuralink a cherché, à partir de février 2017, à transformer ses bureaux de San Francisco en laboratoire de test sur les animaux et en atelier d'usinage.
Dans une lettre envoyée au département de planification de San Francisco, Jared Birchall, enregistré comme le PDG de l'entreprise mais sur lequel aucune information n'est disponible en ligne, demande à ce que les locaux de Neuralink dans le quartier de Mission District soient divisés en deux étages. Un étage serait transformé en atelier d'usinage, pour créer des produits électroniques et mener des recherches informatiques, tandis que l'étage supérieur serait deviendrait un "laboratoire de recherches biologiques" pour mener des essais sur des interfaces neurologiques. Une pièce de cet étage serait consacrée à des "essais in vivo", une autre servirait à l'accueil de "rongeurs". Il n'y a aucune preuve que ces plans aient été menés à exécution.
En avril 2017, rapporte encore Gizmodo, l'entreprise a également rempli une demande auprès du département de santé publique de l'État de Californie pour obtenir le droit de mener des essais sur les animaux. Permis qui avait été accordé en mai, mais qui n'a pas conduit à des visites par les services d'inspection du département. L'autorisation en question expirera à la fin de ce mois d'avril 2018, mais Neuralink n'aurait pas encoré demandé de renouvellement.
Sollicités par Gizmodo, Elon Musk et Neuralink ont refusé tout commentaire. Le mystère sur les activités de Neuralink reste donc (presque) entier, mais il semble évident que les essais sur les interfaces cerveaux-machines ont commencé.
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