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La mobilisation était forte mardi pour le premier jour de la grève intermittente contre la réforme de la SNCF. Édouard Philippe assure que son gouvernement "tiendra bon", mais prévoit "des jours difficiles" pour les usagers.

Un TGV sur huit, un TER sur cinq, sept lignes d'Intercités non desservies. Mardi 3 avril, les cheminots ont lancé leur bataille du rail contre la réforme de la SNCF et ont frappé fort d'entrée. En face, le Premier ministre, Édouard Philippe, a dit entendre "autant les grévistes" que "ceux qui veulent aller travailler", saluant à l'Assemblée les "clients et usagers de la SNCF" qui ont "des jours difficiles devant eux, la grève ayant été organisée pour (leur) porter un impact maximal".

Mercredi, au deuxième jour de la grève, le trafic devrait encore être très perturbé avec un TGV sur sept et un train régional sur cinq en moyenne, a annoncé la direction de la SNCF.

Grève nationale | Point Infotrafic #SNCF du mercredi 4 avril pic.twitter.com/ExAQJjuJOK

  SNCF (@SNCF) 3 avril 2018

Bataille de chiffres entre direction et syndicats

Comme l'avait anticipé la SNCF, le trafic était "très perturbé" mardi, premier jour d'une grève intermittente au long cours. La direction a annoncé un taux de grévistes de 33,9 % en matinée, soit moins que les 35,4 % enregistrés le 22 mars. Mais parmi les "agents indispensables à la circulation des trains", le taux atteignait 48 % (contre 36 % le 22 mars). Il était notamment de 77 % chez les conducteurs et 69 % chez les contrôleurs.

Des chiffres remis en cause par les syndicats. Pour le porte-parole de SUD-Rail, Erik Meyer, la direction "se décrédibilise complètement". La CFDT-Cheminots juge aussi "très étonnants" ces chiffres. "On pense qu'il y a un sous-comptage des agents sédentaires grévistes", a déclaré son secrétaire général adjoint, Rémi Aufrère-Privel.

La grève SNCF démarre fort, le gouvernement veut "tenir bon"

Des manifestations un peu partout

Des manifestations ont ponctué la journée, dont une rassemblant plusieurs centaines de personnes à Paris, où des incidents ont éclaté. La solidarité entre cheminots et étudiants s'est manifestée aussi à Lille, où 300 personnes se sont rassemblées, à Tours (500), à Bordeaux (environ 200) et Toulouse (1 500).

Aux côtés des cheminots et cheminotes en lutte pour défendre le service public du rail. Des étudiantes et étudiants se sont joints au cortège. #JeSoutiensLaGreveDesCheminots #JesoutienslesCheminots pic.twitter.com/eyujNBOic8

  Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 3 avril 2018

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a estimé à propos du climat social que l'herbe étant "sèche", il ne fallait "pas grand-chose pour que cela brûle".

Les syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) s'opposent à une réforme qui "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme". Dans leur viseur : la suppression de l'embauche au statut, l'ouverture à la concurrence et la transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation selon eux.

Le gourvernement et la direction tentent de rassurer

La réforme "n'a pas pour objet de privatiser la SNCF, elle n'a pas pour objet de fermer des petites lignes, elle n'a pas pour objet de revenir sur le statut (de cheminot) mais elle a pour objet de sortir de ce statu quo" qui n'est "plus tenable", a insisté le Premier ministre Édouard Philippe. Le projet de loi sur le pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera voté en première lecture le 17 avril à l'Assemblée nationale.

Les remontrances du patron de la SNCF Guillaume Pepy ou de la ministre des Transports Élisabeth Borne, qui a regretté que les cheminots "persistent à s'engager dans un mouvement de grève longue et pénalisante alors que nous sommes à mi-chemin de la concertation", n'ont pas entamé la détermination des syndicats.

Avec des modalités différentes, ils sont tous lancés dans la bataille : une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour CGT, Unsa et CFDT ; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail. "Les négociations se poursuivent", avec "une dizaine de réunions" prévues cette semaine, avait insisté lundi Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF.

Ce mouvement social se conjuguait mardi dans les airs avec la quatrième journée de grève chez Air France pour des hausses des salaires. La compagnie avait prévu d'assurer 75 % des vols.

Mais la tempête sociale ne s'arrête pas au rail, à Air France ou à la mobilisation des étudiants. La CGT a entamé mardi une grève pour la création d'un "service public national" des déchets et a déposé un préavis dans le secteur de l'énergie.

Avec AFP