logo

Six ans après avoir échappé à une tentative d'assassinat par des Taliban pakistanais, la jeune fille âgée aujourd'hui de 20 ans a atterri jeudi à Islamabad. Elle a notamment rencontré le Premier ministre, Shahid Khaqan Abbasi.

Des larmes et beaucoup d'émotion. "Je suis très heureuse. Je n'arrive toujours pas à croire que je suis ici", a déclaré Malala Yousafzai jeudi 29 mars, à la résidence du Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi à Islamabad. La jeune fille de 20 ans a rejoint son pays natal pour la première fois depuis l'attaque dont elle a été victime en 2012. "Ces cinq dernières années, j'ai toujours rêvé de pouvoir revenir dans mon pays", a ajouté celle qui étudie désormais à Oxford, en Angleterre.

"Nous sommes vraiment ravis que notre fille, qui a fait beaucoup pour le nom du Pakistan, soit de retour à la maison", a déclaré de son côté le Premier ministre. "Le monde vous a accordé beaucoup de respect et vous recevrez un respect total ici".

Les détails de son voyage ont été "tenus secrets en raison du caractère sensible de cette visite", a indiqué un responsable du gouvernement même si son arrivée au petit matin à l'aéroport international d'Islamabad s'est déroulé sous forte escorte policière, selon des photos montrées à la télévision. Malala et sa famille, qui se déplacent sous forte escorte policière, doivent rester quatre jours dans le pays.

Controversée

On ignore encore à ce stade si Malala entend se rendre dans son district natal de Shangla, ou dans la ville de Mingora, où s'est produit l'attentat, tous deux situés dans la vallée de Swat (nord-ouest). Si elle est célébrée en Occident, son image est plus controversée dans son pays où certains la considèrent comme un "agent de l'étranger" manipulé ou payé pour nuire au Pakistan.

Malala avait commencé son combat en 2007 lorsque les Taliban imposaient leur loi sanglante dans sa vallée de Swat (nord-ouest), autrefois paisible région touristique des contreforts de l'Himalaya. Du haut de ses 11 ans, cette fillette très influencée par son père, directeur d'école, mais dont la mère est illettrée, alimentait un blog sur le site de la BBC en ourdou, la langue nationale du Pakistan. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle y décrivait le climat de peur régnant dans sa vallée.

Entre la vie et la mort

Le nom de cette gamine pleine de sang-froid, amoureuse des livres et du savoir, a alors commencé à circuler à Swat, puis dans le reste du pays lorsqu'elle a remporté un prix national pour la paix.

Le 9 octobre 2012, des jihadistes du TTP (talibans pakistanais) avaient fait irruption dans le bus scolaire de Malala à la sortie des classes. L'un d'eux avait demandé qui était Malala avant de lui tirer une balle dans la tête. Grièvement blessée, entre la vie et la mort, l'adolescente avait été évacuée en urgence dans un hôpital de Birmingham, en Grande-Bretagne, où elle avait repris conscience quelques jours plus tard.

La jeune militante, propulsée depuis icône mondiale de la lutte contre l'extrémisme, n'avait pas renoncé à revoir son pays en dépit des menaces. "Nous n'allons pas demander aux hommes de changer le monde, nous allons le faire nous-mêmes", avait-elle ajouté.

Avec AFP