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L'UE et la Turquie autour de la table, mais pas d'"avancée concrète"

Le président Erdogan souhaite relancer le processus d'adhésion de son pays à l'UE. Mais Bruxelles a rappelé les différends l'opposant à Ankara sur plusieurs dossiers, lors d'un sommet qui s'est conclu sans avancée concrète, lundi en Bulgarie.

Les relations sont plus qu’houleuses entre la Turquie et l’Union européenne (UE) depuis plusieurs mois. Les dirigeants de l’UE et le président turc devaient donc faire le point sur leurs relations lors d’une rencontre à Varna, en Bulgarie, lundi 26 mars. Mais cette virée sur les rives de la mer Noire ne semble pas avoir relancé l’idylle entre les deux partenaires. "En termes de solutions concrètes, nous ne sommes parvenus à aucun compromis", a regretté Donald Tusk, le président du conseil européen.

Recep Tayyip Erdogan, qui souhaite avant tout relancer le processus d’adhésion de son pays à l’UE, au point mort depuis plusieurs mois, a pourtant cherché à mettre en avant la bonne coopération d'Ankara et des Vingt-Huit. À l’issue d’un diner avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, et Donald Tusk, il a dit espérer que les deux partenaires étaient sortis d'une "période très difficile". Il a notamment évoqué la bonne coopération en matière de gestion de l'immigration et de la lutte contre le "terrorisme".

Relations houleuses

Mais beaucoup de nuages continuent d'obscurcir les relations entre Ankara et Bruxelles, de l'érosion de l'État de droit en Turquie depuis le putsch manqué de juillet 2016 à l'intervention controversée des troupes turques contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, en passant par des différends sur la Grèce et Chypre. Jean-Claude Juncker a notamment souhaité une levée de l'état d'urgence institué par Ankara, ainsi qu'une "nouvelle approche concernant l'emprisonnement de journalistes" en Turquie.

Les tensions étaient montées d'un cran la semaine dernière, lorsque les dirigeants européens ont condamné les "actions illégales persistantes" de la Turquie en mer Égée et en Méditerranée orientale, au détriment de la Grèce et de Chypre. La Turquie avait, elle, qualifié d'"inacceptables" les déclarations de l'UE, et a également exprimé sa colère face aux critiques européennes au sujet de son offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) dans la région d'Afrin (nord-ouest de la Syrie).

Si Ankara a multiplié ces derniers mois les signaux d'apaisement envers certains pays européens, dont l'Allemagne, en libérant par exemple des journalistes écroués, l'UE continue par ailleurs de s'inquiéter au sujet des purges en Turquie : plus de 55 000 personnes, dont des opposants et des journalistes, ont été incarcérées et 160 000 limogées ou suspendues.

"Partenaire stratégique"

Pourtant, aucune partie n'a intérêt à faire dérailler les discussions : pour la Turquie, l'UE reste un partenaire commercial précieux, et Bruxelles a besoin d'Ankara, notamment pour maîtriser les flux migratoires. "L'UE est un partenaire stratégique pour la Turquie, et ce serait une erreur d'isoler la Turquie de l'UE", a souligné Recep Tayyip Erdogan. "Nous devons continuer le dialogue dans ces circonstances vraiment difficiles", a estimé pour sa part Donald Tusk.

Du côté des États membres, l’une des priorités est de s'assurer qu'Ankara continue d'appliquer l'accord migratoire conclu en mars 2016, et qui a permis de réduire de "97 %", selon Jean-Claude Juncker, les passages vers l'Europe, en échange notamment d'une aide financière. Recep Tayyip Erdogan s'est toutefois plaint une nouvelle fois de "retards" dans le versement de cette enveloppe de 3 milliards d'euros, à laquelle doivent s'ajouter 3 milliards supplémentaires. Le président de la Commission européenne Juncker a rappelé que le versement de tranches supplémentaires était conditionné à des résultats concrets.

Avec AFP