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Affaire Skripal : des experts internationaux en armes chimiques attendus au Royaume-Uni

Une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques est attendue, lundi, au Royaume-Uni. Elle doit inspecter l'agent innervant utilisé contre l'ancien espion russue Sergueï Skripal et sa fille, le 4 mars à Salisbury.

Des experts internationaux sont attendus, lundi 19 mars, au Royaume-Uni, afin de mener des tests sur la substance utilisée pour empoisonner l'ex-agent russe Sergueï Skripal. Une affaire pour laquelle le président Vladimir Poutine, tout juste réélu, a vivement rejeté, dimanche, toute responsabilité.

Ces experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) doivent se voir remettre des échantillons de la substance utilisée contre l’ancien espion et sa fille le 4 mars à Salisbury. Ces prélèvements "seront testés dans les laboratoires internationaux les plus réputés", a précisé dimanche le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson. Les résultats de ces tests devraient être connus au mieux "dans deux semaines".

Boris Johnson a par ailleurs affirmé, dimanche, que Londres disposait de "preuves que la Russie a non seulement cherché à développer des agents innervants à des fins d'assassinat ces dix dernières années, mais a aussi fait des réserves d'agents Novichok", du nom de la substance utilisée dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal.

À Moscou, Vladimir Poutine, tout juste réélu pour un nouveau mandat de six ans au Kremlin, a fustigé dimanche soir ces accusations, qu'il a qualifiées de "grand n'importe quoi". "Que quelqu'un puisse penser qu'en Russie quelqu'un se permettrait de faire de telles choses juste avant l'élection et la Coupe du monde de football, c'est absurde, du grand n'importe quoi", a-t-il déclaré devant la presse.

"Nous avons détruit toutes nos armes chimiques"

Au cours de son discours, le président russe a rétorqué : "La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que s'il s'était agi d'un poison militaire, les gens seraient morts sur le coup. C'est évident. [...] La deuxième chose, c'est que la Russie ne dispose pas de ce type de moyen. Nous avons détruit toutes nos armes chimiques sous la supervision d'observateurs internationaux", a-t-il dit. "Nous avons été les premiers à le faire, contrairement à certains de nos partenaires qui l'ont promis, mais qui doivent malheureusement encore tenir leurs promesses", a-t-il ajouté. Vladimir Poutine a assuré que la Russie était "prête" à "participer aux enquêtes nécessaires". "Pour cela, il faut que la partie d'en face [les Britanniques, NDLR] soit aussi intéressée. Pour l'instant, nous ne le voyons pas."

Affaire Skripal : des experts internationaux en armes chimiques attendus au Royaume-Uni

L'affaire a pris ces derniers jours des allures de confrontation Est-Ouest. Le Royaume-Uni a décidé de l'expulsion de 23 diplomates russes et le gel des contacts bilatéraux. Ce à quoi la Russie a répondu en expulsant 23 diplomates britanniques et en ordonnant la cessation des activités en Russie du British Council, un organisme faisant la promotion des relations culturelles et de l'éducation. Moscou a aussi dit retirer "l'accord sur l'ouverture et le fonctionnement" du consulat britannique de Saint-Pétersbourg.

Des sanctions supplémentaires pourraient être prises par le Royaume-Uni, a fait savoir le chef de la diplomatie britannique, qui doit participer lundi à Bruxelles à une réunion avec ses homologues européens, ainsi qu'avec le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg.

L’OIAC "a été très efficace pour créer un monde sans armes chimiques", affirme Sico van der Meer, chercheur à l'Institut Clingendael de La Haye. Plus de 95 % des stocks d'armes chimiques déclarés dans le monde ont été détruits et en 2013, l'OIAC a d'ailleurs remporté le prix Nobel de la paix pour ses efforts dans ce domaine.

Les inspecteurs de l'organisation ont été hautement efficaces, mais le système n'est pas complètement étanche, affirment les experts. "Si quelqu'un veut nuire, il y a toujours un moyen de le faire", estime Sico van der Meer. Or, l’OIAC ne peut enquêter que sur les armes chimiques déclarées par les 192 États membres de l’organisation.

Avec AFP