
À 65 ans et après 18 années passées au pouvoir, en tant que président ou Premier ministre, Vladimir Poutine devrait être confortablement réélu dimanche à la présidence russe au terme d'un scrutin présenté comme joué d'avance.
De la péninsule du Kamtchatka à l'Est, jusqu'à l'enclave de Kaliningrad à l'Ouest, 107 millions d'électeurs russes sont appelés à voter dimanche 18 mars pour, sauf énorme surprise, réélire Vladimir Poutine. Après une campagne sans suspense, le scrutin vise surtout à assurer une participation satisfaisante au président sortant, qui s'achève dans un climat de tensions extrêmes avec les Occidentaux.
Les sanctions britanniques en réaction à l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal en Angleterre ont renforcé l'impression de nouvelle Guerre froide qui s'est installée depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin en 2012, sur fond de conflit syrien, de crise ukrainienne et d'accusation d'ingérence dans la présidentielle américaine. Pendant qu'à Londres, Theresa May jugeait "tragique" la "voie" prise par le président russe, ce dernier finissait sa campagne a minima mercredi par une visite en Crimée, la péninsule ukrainienne qui connaîtra dimanche sa première présidentielle russe, quatre ans jour pour jour après son annexion par Moscou.
"Par votre décision, vous avez rétabli la justice historique, qui avait été rompue à l'époque soviétique", a déclaré mercredi Vladimir Poutine devant ses partisans réunis à Sébastopol pour un concert de soutien. "Vous avez montré au monde entier ce que c'est une vraie et non pas une fausse démocratie."
The President visited #Sevastopol ahead of the anniversary of Crimea's reunification with Russia https://t.co/1T6jDXIJj7 pic.twitter.com/1dVeXWGpnu
President of Russia (@KremlinRussia_E) 14 mars 2018L'objectif du Kremlin : 70 % de participation, 70 % de votes
À 65 ans, dont 18 ans à la tête de la Russie, le président affiche la plus forte longévité au pouvoir pour un dirigeant russe ou soviétique depuis Joseph Staline. Il se prépare à un quatrième mandat confortable sur le plan domestique.
L'élection présente peu de suspense : seuls le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine et l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski émergent timidement dans les sondages. Le grand absent de l'élection présidentielle est l'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, seul à même de mobiliser des dizaines de milliers de personnes contre le pouvoir mais interdit de participation en raison d'une condamnation judiciaire qu'il dénonce comme montée de toutes pièces.
Assuré de la réélection de Vladimir Poutine, le Kremlin fait tout pour que la participation, seul véritable baromètre de cette élection, soit aussi forte que possible dimanche. Depuis le début de la campagne, les médias résument l'objectif du Kremlin par la formule "70-70" : 70 % de participation, 70 % de votes pour Poutine. Malgré les efforts du Kremlin, les estimations de la participation restent pourtant en-deçà des attentes. Selon Stepan Gontcharov, du centre de sondage indépendant Levada, la participation devrait être "de 57-58 % à 67-68 %, c'est à dire équivalente à la dernière élection", tandis que VTsIOM la situe entre 63 et 67 %.
Interviewé par la chaîne américaine NBC, Vladimir Poutine disait la semaine dernière ne pas vouloir modifier la Constitution pour s'accrocher au pouvoir. Ce quatrième mandat serait alors son dernier, beaucoup d'experts pensant que le président russe s'y consacrera notamment à désigner, et préparer, son successeur.
Avec AFP