logo

Birmanie : des bases militaires remplacent les villages de Rohingya, affirme Amnesty

Chassés de Birmanie, les Rohingya pourront-ils retourner dans leur village ? Cette perspective semble s'éloigner au vu des preuves réunies dans un rapport d'Amnesty rendu public lundi, attestant que les autorités construisent sur leurs terres.

Les images satellites publiées lundi 12 mars dans le rapport d'Amnesty International montrent un village de Rohingya, Kan Kya, dans la région de Maungdaw, réduit en cendres lors des violences de 2017. Sur ces clichés, plus une seule maison. Elles ont été remplacées par des bâtiments (militaires selon l'ONG) et un héliport.

Même constat dans le village de Inn Din, devenu tristement célèbre depuis que l'armée birmane y a admis l'exécution de dix Rohingya en septembre 2017. Ici aussi, les photos illustrent des travaux de construction d'une nouvelle base militaire, là où se trouvait le quartier rohingya.

Birmanie : des bases militaires remplacent les villages de Rohingya, affirme Amnesty

"Les nouvelles preuves réunies par Amnesty dans son dernier rapport montrent que les autorités birmanes construisent à l'endroit même où les Rohingya doivent revenir", dénonce Tirana Hassan, responsable d'Amnesty interrogée par l'AFP. Dans certains cas, ont même été détruites des maisons" épargnées par les incendies massifs de villages rohingyas en 2017, selon l'ONG.

Les violences de la part de l'armée, organisées après des attaques de rebelles rohingyas, ont poussé près de 700 000 Rohingya en exil au Bangladesh voisin, après une campagne d'"épuration ethnique", selon l'ONU.

"Accaparement de terres"

Dans son rapport intitulé "reconstruire l'État Rakhine", Amensty ne dénonce pas seulement le développement rapide des infrastructures militaires depuis le début de l'année, l'ONG s'inquiète également que les terres abandonnées par les Rohingya soient réattribuées à des bouddhistes de l'ethnie locale des Rakhines. Elle pointe du doigt un "accaparement des terres" mettant sérieusement en doute la véritable volonté des autorités birmanes de mener à bien un programme de retour des réfugiés.

La Birmanie est en proie à un fort nationalisme, attisé par des moines extrémistes dénonçant la minorité musulmane rohingya comme une menace à l'identité bouddhiste de la Birmanie. L'armée, qui reste très puissante malgré l'arrivée d'un gouvernement civil dirigé par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi en 2016, joue le jeu de ce nationalisme et ne cache pas son hostilité envers les Rohingya.

Il est extrêmement difficile aux journalistes et aux organisations internationales dont l'ONU de vérifier de source indépendante ce qui se passe en État Rakhine, notamment le nord de la zone, autour de Maungdaw, épicentre des violences, en raison des restrictions de mouvement imposées dans la zone.

Avec AFP