Spotify veut enrichir sa plateforme en ajoutant davantage d'informations sur les artistes, les albums et les morceaux de son catalogue. Et pour cela, la plateforme suédoise de streaming fait appel à ses utilisateurs.
Spotify se met au crowdsourcing. Le géant suédois du streaming a officialisé lundi 12 mars le fait qu'il allait "solliciter des suggestions de métadonnées de la part de ses utilisateurs", explique Variety.
Les métadonnées, ce sont toutes ces informations qui permettent d'en savoir plus sur un artiste, un morceau ou un album. Spotify souhaite notamment que ses utilisateurs ajoutent le genre d'un album, le type d'ambiance... On pourra également ajouter le rôle des artistes sur un morceau, des tags, et des URLs externes. Nom du projet : Line-In.
Il y a une dizaine de jours, le journaliste français du site Les Jours et auteur du livre "Boulevard du Stream" Sophian Fanen avait déjà remarqué que Spotify venait d'ajouter une option "suggérer une modification", qui menait déjà vers Line-In.
C'est récent l'option «suggérer une modification» de Spotify? Je ne l'avais jamais vue. Ça mène à cette page qui permet de changer la date, d'ajouter des crédits, etc. Discogs style >> pic.twitter.com/OoG8XlbLdw
— Sophian Fanen (@SophianF) 2 mars 2018
"Digital labor" gratuit
Pour nos collègues de Mashable, cette fonctionnalité rappelle fortement la marque de fabrique de Wikipédia, qui laisse ses utilisateurs éditer des pages de son encyclopédie pour l'enrichir. Pourtant, note le site américain, "contrairement à Wikipédia, vos modifications ne seront pas ajoutées immédiatement. Spotify va collecter vos suggestions et les analyser". Un choix plutôt prudent de la part du géant suédois, surtout quand on connaît le potentiel de troll des internautes quand on leur demande de faire le travail à sa place.
Car c'est bien là l'autre problème de Line-In, comme le relève là encore Sophian Fanen, sur son compte Twitter, même si Spotify assure que vous devriez "utiliser votre talent musical pour faire le bien".
Je suis le premier à regretter que les métadonnées soient pauvres (et c'est la faute des labels avant tout), mais demander à des gens qui payent un abonnement de bosser en plus gratos, c'est bien trop 2018 pour moi. https://t.co/2JLP3LNJPG
— Sophian Fanen (@SophianF) 13 mars 2018
C'est ce que le sociologue Antonio Casilli qualifie de "digital labor", à savoir "un travail du clic, composé de plusieurs petites tâches, réalisé sur des plateformes, qui ne demande pas de qualification et dont le principal intérêt est de produire des données". En somme : du travail gratuit pour (généralement) les grandes plateformes du Web, qui vont pouvoir gagner de l'argent là-dessus. D'autant que Spotify a décidé de gamifier tout ceci, en proposant aux utilisateurs qui comptent se connecter sur Line-In de remplir des objectifs.
Faites chauffer vos claviers. Il va falloir recréer Discogs.
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.