Le président américain a accepté jeudi soir de rencontrer le leader nord-coréen d'ici la fin mai. Pyongyang s'est également engagé à arrêter les essais nucléaires ou de missiles et à œuvrer à la "dénucléarisation" de la péninsule.
C'est une rencontre considérée jusqu'ici comme improbable qui a été annoncée jeudi 8 mars à la Maison Blanche. Invité par Kim Jong-un, Donald Trump accepte de rencontrer le dirigeant de la Corée du Nord d'ici la fin du mois de mai prochain, pour parler des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. L'invitation s'est faite par l'intermédiaire de Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la Sécurité, en visite à Washington après s'est entretenu avec Kim Jong Un à Pyongyang ce lundi - une rencontre elle-même historique.
"Je pense que c'est le rapport le plus positif que nous ayons reçu sur non seulement la volonté de Kim Jong Un mais son réel désir de discuter", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, vendredi 9 mars, après avoir rencontré à Washington les diplomates sud-coréens, venus rendre compte de leur discussion avec leurs homologues du Nord. "Ce qui a changé c'est sa position et d'une manière assez spectaculaire. Et très honnêtement, ça a été un peu une surprise pour nous qu'il soit aussi ouvert dans ses discussions avec la délégation sud-coréenne", a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
Devant la West Wing de la Maison Blanche, jeudi 8 mars au soir, le Sud-Coréen Chung Eui-yong Kim s'est fait l'émissaire des dirigeants Kim Jong-un et Donald Trump dans une brève allocution : le leader nord-coréen "comprend que l'exercice militaire conjoint de routine entre la République de Corée et les États-Unis doit continuer et il a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible". De son côté, "le président Trump a apprécié le compte-rendu et a dit qu'il rencontrerait Kim Jong-un d'ici fin mai pour parvenir à la dénucléarisation permanente", a ajouté le conseiller sud-coréen.
Selon Chung Eui-yong, le régime de Pyongyang s'est également engagé à œuvrer à la "dénucléarisation" de la péninsule coréenne et a promis de s'abstenir "de tout nouveau test nucléaire ou de missile".
"De grands progrès", selon Trump
Donald Trump n'a pas tardé à s'exprimer sur Twitter : "Kim Jong Un a discuté de dénucléarisation avec les représentants sud-coréens, pas seulement d'un gel" des activités nucléaires, a écrit le président américain. "Également, pas de tests de missiles de la Corée du Nord pendant cette période", c'est à dire pendant d'éventuelles négociations, a-t-il poursuivi. "De grands progrès ont été réalisés mais les sanctions demeurent jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé. Rencontre prévue !"
Kim Jong Un talked about denuclearization with the South Korean Representatives, not just a freeze. Also, no missile testing by North Korea during this period of time. Great progress being made but sanctions will remain until an agreement is reached. Meeting being planned!
Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 9 mars 2018Les conseillers de la Maison Blanche demeurent méfiants à l'égard des ouvertures diplomatiques de la Corée du Nord, habituée à ne pas honorer ses engagements sur la scène internationale. Par le passé, les tentatives de l'administration américaine pour obtenir le désarmement de la Corée du Nord ont échoué.
Tokyo salue la nouvelle
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a salué vendredi cette annonce : "J'apprécie hautement ce changement de la part de la Corée du Nord et le fait qu'elle va commencer des discussions fondées sur le principe d'une dénucléarisation." Il a ajouté qu'il comptait se rendre aux États-Unis pour rencontrer Donald Trump "dès avril". Moon Jae-in, le président sud-coréen, a, lui, estimé que les sanctions contre Pyongyang ne devaient pas être levées pour le moment et que l'abandon du programme nucléaire devait être le but ultime des discussions.
Ce rebondissement spectaculaire s'inscrit dans le cadre de la remarquable détente qui s'est amorcée sur la péninsule depuis le début de l'année à la faveur des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, après deux années de très fortes tensions liées au programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Nord et Sud ont également décidé selon Séoul de la tenue fin avril d'un troisième sommet intercoréen, après ceux de 2000 et 2007.
Avec AFP et Reuters