
Jean-Yves Le Drian est arrivé en Iran lundi pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien. Il devrait évoquer la question sensible du programme balistique de Téhéran, afin de rassurer le président américain Donald Trump.
Opération sauvetage pour le chef de la diplomatie française. Jean-Yves Le Drian va tenter, lundi 5 mars à Téhéran, de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien tout en demandant des gages à l'Iran sur son programme balistique et ses ambitions régionales.
Il s'agit de la première visite en Iran d'un responsable de l'un des trois pays européens cosignataires de l'accord (France, Allemagne, Grande-Bretagne) – avec la Russie, la Chine, et les États-Unis – depuis l'ultimatum posé en janvier par Donald Trump.
Le président américain a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" du texte, qui n'empêchera pas selon lui l'Iran de se doter à terme de l'arme atomique. Faute de garde-fous supplémentaires, les États-Unis sortiront de l'accord et réintroduiront des sanctions contre l'Iran.
Pour autant, le ministre français des Affaires étrangères n'entend pas se poser en "émissaire de Donald Trump" à Téhéran, pas plus qu'en "avocat des Iraniens", souligne-t-on dans son entourage. Cette visite était par ailleurs initialement prévue pour tout début janvier, avant d'être reportée en raison de manifestions en Iran.
"Préserver l’accord nucléaire"
"Nous voulons préserver l'accord nucléaire parce qu'il fonctionne, qu'il est robuste et que les Iraniens le respectent", relève-t-on chez Jean-Yves Le Drian. L’objectif est donc de "voir comment faire au mieux pour le préserver", car sa remise en cause ouvrirait la porte à la prolifération nucléaire dans une région déjà très volatile et ne ferait qu'encourager la Corée du Nord à aller plus loin dans son programme, craint-on à Paris.
Le ministre français mettra aussi sur la table d'autres sujets beaucoup moins consensuels pour Téhéran : l'arsenal balistique iranien et plus généralement l'attitude de l'Iran au Moyen-Orient, que Paris juge de plus en plus "hégémonique".
Paris, comme Londres et Berlin, veut convaincre l'Iran de limiter son programme de missiles balistiques afin qu'ils ne puissent emporter un jour des charges nucléaires. L'Iran a développé des missiles d'une portée de 2 000 kilomètres capables d'atteindre Israël et toutes les bases américaines dans la région, affirmant qu'ils sont purement défensifs et conventionnels.
Jean-Yves Le Drian risque toutefois de se heurter à un mur. "Nous ne négocierons avec personne sur nos armes", a averti le président Rohani.
Avec AFP