
Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso a été suspendu sine die mardi après-midi, après le retrait de tous les avocats de la défense. Ils contestent la légalité du tribunal militaire.
Le procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso s'est ouvert, mardi 27 février en début de matinée à Ouagadougou, avant d'être suspendu sine die dans l'après-midi après le retrait de tous les avocats de la défense. Ces derniers contestent la légalité du tribunal militaire.
Au total 84 accusés, 66 militaires et 18 civils, sont jugés par ce tribunal, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d'État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés.

"Nous nous retirons parce que la juridiction devant juger cette affaire n'est pas légale. Nous récusons les membres qui la composent", a argumenté Me Michel Traoré, avocat de l'ancien chef d'état-major Boureima Kéré. Une position reprise par Me Mathieu Somé, avocat du général Diendéré.
Le général Diendéré avait pris la tête du coup d'État du 16 septembre 2015, tandis que le général Djibrill Bassolé, ancien chef de la diplomatie, est lui poursuivi pour "trahison". Pour preuve, l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'il aurait eue avec le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015.
"L'heure de la vérité"
Des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Burkina/procès putsch: un grand monde prend d'assaut le site du procès du général Diendere et 83 co-accusés. pic.twitter.com/ckOAUGpvQ1
Lookmann Sawadogo (@LookmannSawado1) 27 février 2018Me Guy-Hervé Kam, un des avocats des parties civiles, a pour sa part dénoncé une "manœuvre dilatoire" de la défense. "Le retrait des avocats montre simplement la volonté des accusés de ne pas être jugés. Ils vont utiliser les moyens les plus hasardeux pour faire durer le procès", a-t-il déclaré.
"Voir ce procès s'ouvrir est déjà un motif de satisfaction, de soulagement", a déclaré à l'AFP Seyni Compaoré, blessé lors du putsch. "Nous espérons que l'audience reprendra le plus vite possible pour enfin faire la lumière sur ce qui s'est passé."
"Dans ce pays, nous avons connu beaucoup d'impunité et nous espérons qu'à partir de ce moment, c'est l'heure de la vérité", a estimé Oscibi Joël, artiste et membre du Balai Citoyen, un collectif de la société civile qui a été en pointe dans les mouvements populaires burkinabè.
Avec AFP