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JO-2018 : Papadakis et Cizeron décrochent l'argent en danse sur glace

Les patineurs français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont décroché la médaille d'argent du concours de danse sur glace des Jeux olympiques de Pyeongchang. Un moindre mal après un concours gâché la veille par un problème vestimentaire.

Soixante dix-neuf centièmes. C'est ce qui a manqué à Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron pour envoyer aux oubliettes leur problème vestimentaire de la veille et se parer d'or olympique en danse sur glace mardi aux Jeux de Pyeongchang. La couronne revient à leurs rivaux, les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir, déjà sacrés en 2010.

Leur danse libre étincelante sur la 'Sonate au clair de lune' de Beethoven n'aura pas suffi. Impeccables techniquement, et comme à leur habitude, intenses artistiquement, Papadakis et Cizeron ont pourtant été récompensés par un nouveau record du monde dans leur exercice préféré : 123,35 points (contre 121,87 auparavant, réalisés aux Championnats d'Europe mi-janvier).

"C'était la quasi-perfection", résume leur entraîneur Romain Haguenauer.

La preuve éclatante d'une impressionnante capacité à rebondir après le malheureux épisode de la danse courte. Lundi, la robe abondamment strassée à franges vertes et dorées de la patineuse s'était malencontreusement décousue dès les premières notes de leur programme aux rythmes latinos imposés, laissant apparaître un de ses seins.

"On n'a jamais mieux patiné, se félicite Cizeron. On approche de la note parfaite. Ce sont des expériences comme ça qui rendent plus forts."

"Très fier de Gabriella"

"Je suis très fier de Gabriella, de la façon dont elle a continué à patiner hier [lundi]. Elle est vraiment très solide. Ça n'était pas facile de revenir sur la glace aujourd'hui", souligne-t-il.

Vingt-quatre heures après avoir vécu son "pire cauchemar", il suffisait de voir la danseuse gagnée par l'émotion à la fin de la prestation du duo clermontois, et la longue étreinte qu'elle a partagée sur la glace avec son partenaire, pour deviner le poids écrasant de la tension accumulée depuis. Dans le "kiss and cry", même Cizeron n'a pu s'empêcher de laisser couler quelques larmes.

"Ce n'est pas quelque chose que je peux traduire en mots", explique Papadakis.

Virtue (28 ans) et Moir (30 ans), qui patinaient en dernier, ne se sont eux pas laissés émouvoir. Même si le patineur a lâché avoir "perdu dix ans de vie tellement [il] était anxieux de concourir contre eux".

Sur la musique du film "Moulin Rouge", les Canadiens ont délivré une performance spectaculaire et pulvérisé leur meilleur score de plus de 4 points en en récoltant 122,40. De quoi totaliser 206,07 points, établir un nouveau record du monde (que les Français venaient juste de battre avec 205,28 points), mais surtout se réapproprier la couronne olympique qu'ils avaient déjà coiffée en 2010 avant d'en être dépossédés en 2014.

"Ce sont d'immenses champions. Patiner à la fin et livrer une telle performance, c'est fort", salue Haguenauer, qui travaille aussi avec Virtue et Moir.

Seize ans après Anissina/Peizerat

Les voilà désormais à la tête d'une collection de 5 médailles olympiques, trois en or et deux en argent (en comptant l'épreuve par équipes), un record en patinage artistique.

Pour Papadakis et Cizeron, qui ont attendu le score de leurs partenaires d'entraînement à Montréal en se tenant la main, le retard accumulé la veille – 1,74 point – s'est avéré impossible à combler. "C'était malgré tout un beau combat", se console Cizeron.

Mais difficile de ne pas penser que l'or s'est joué à un fil, quand, lundi comme mardi, les notes artistiques des juges sont montées plus haut pour les Français.

"Les juges ont choisi Gabriella et Guillaume sur la danse libre, comme ils l'avaient fait pour la courte, et c'est ça qui est frustrant : il y a une reconnaissance de leur infime supériorité sur ces JO, mais le sort en a décidé autrement", analyse Haguenauer.

Malgré tout, en montant sur la deuxième marche du podium, les doubles champions du monde (2015 et 2016) et quadruples champions d'Europe en titre (2015-2018) offrent à la glace tricolore sa première médaille olympique depuis seize ans et le sacre de Marina Anissina et Gwendal Peizerat en 2002 à Salt Lake City, en danse sur glace déjà.

Et à 22 ans pour elle et 23 ans pour lui, ils ont encore l'avenir devant eux. Ça commence par les Mondiaux-2018 dans un mois (21-25 mars) à Milan, où Virtue et Moir ne patineront pas, eux dont l'annonce de la retraite est attendue dans les jours à venir.

Avec AFP