Après une dizaine de jours de manifestations menées par le syndicat indépendantiste de l'USTKE, le conflit social se durcit en Nouvelle-Calédonie. Deux gendarmes et quatre manifestants ont en effet été blessés au cours d'affrontements.
AFP- De nouveaux troubles ont agité mercredi la Nouvelle-Calédonie, théâtre de violences et blocages menés par le syndicat indépendantiste USTKE, pour cause d'enlisement d'un conflit social auquel les pouvoirs publics, redoutant un embrasement, cherchent une "sortie honorable".
Deux gendarmes et quatre manifestants ont été blessés lors d'affrontements ayant opposé forces de l'ordre et manifestants. 13 personnes ont été arrêtées.
Les heurts les plus violents ont eu lieu à la tribu de Saint-Louis, dans la périphérie de Nouméa, où des jeunes et des adhérents de l'Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités avaient dressé des barrages avec des pneus enflammés, selon la gendarmerie.
Les gendarmes dépêchés sur place ont essuyé des tirs, et l'un a été blessé à la cuisse par un tir de chevrotine.
Depuis une semaine, un climat d'instabilité règne dans l'archipel français du Pacifique, où l'USTKE, proche de l'extrême gauche, multiplie les actions pour protester contre l'emprisonnement de son président, Gérard Jodar, et l'enlisement d'un conflit au sein d'Aircal.
Un licenciement pour faute d'une employée de cette compagnie aérienne locale, jugé abusif par l'USTKE, a été le déclencheur de ce conflit dont un épisode fut, le 28 mai, un coup de force du syndicat sur l'aérodrome de Magenta, après lequel M. Jodar à été condamné à 12 mois de prison ferme.
Ces troubles s'inscrivent en parallèle au calendrier des accords de Nouméa de 1998 qui ont détaillé un processus de décolonisation devant aboutir, entre 2014 et 2018, à un référendum d'autodétermination.
L'USTKE n'est pas signataire de ces accords ratifiés par le FLNKS et faisant suite aux accords de Matignon qui avaient pacifié l'île dix ans plus tôt.
Le syndicat veut néanmoins exister politiquement et fait monter les enchères, jugent des observateurs.
Pour le haut-commissaire Yves Dassonville, "Aircal est un prétexte. Ce qui est fondamentalement recherché par l'USTKE, c'est créer de la tension".
Louis Kotra Uregei, leader du Parti travailliste, émanation politique de l'USTKE, a en réponse appelé à la "poursuite de la mobilisation", accusant M. Dassonville "d'attiser le feu de la confrontation".
"L'USTKE est devenue un abcès, qui gangrène l'ensemble des relations sociales et des relations syndicales. Un abcès, ça se traite. Il faut l'enlever avec un bistouri", a lancé le député UMP Pierre Frogier.
Jets de pierres, barrages routiers, voitures brûlées, répliques à coups de gaz lacrymogènes: les incidents ont aussi touché mercredi une cité au nord de Nouméa, Montravel.
Ce qui fait redouter aux autorités locales une contagion à d'autres cités périphériques, voire à l'intérieur des terres.
Pour éviter l'embrasement d'un archipel où la réconciliation entre communautés demeure fragile, Philippe Gomes, président du gouvernement local, a reçu mercredi soir des représentants de l'USTKE et le président d'Aircal.
"On essaye de renouer les fils du dialogue, pour trouver une solution honorable pour chacun, il faut arrêter l'escalade dans l'intérêt général du pays", a-t-il déclaré à l'AFP.
Tout en accusant l'USTKE d'être "dans une démarche d'affrontement systématique", la secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Marie-Luce Penchard pense qu'il y a chez les acteurs politiques locaux, "une volonté de maintenir la stabilité politique".
"Je pense qu'on va trouver une solution, parce que personne n'a intérêt à enflammer de nouveau la Nouvelle-Calédonie", ajoute-t-elle dans une interview à France-Soir.